Collection(s) : Biographie
Paru le 09/03/2006 | Broché 450 pages
Tout public
Charles le Téméraire (1433-1477) est longtemps passé pour un homme de guerre brutal, un peu borné, rêvant de plier l'Europe entière à sa loi. Ce fut, en réalité, un être attachant, homme d'État au plein sens du terme, parfait chevalier et, sans doute, le plus « moral » des princes de son temps. Comte de Charolais puis, en 1467, duc de Bourgogne, il sut pendant des années contrer les menées de son redoutable adversaire Louis XI, l'« universelle araigne ». On put même croire, au début des années 1470, que Charles ferait des États bourguignons un ensemble territorial cohérent, situé au coeur de l'Europe occidentale, véritable puissance d'un Saint Empire romain germanique dont le Téméraire recevrait la couronne. Mais cet attardé de l'âge féodal vivait dans des chimères, à une époque où les banquiers et les marchands commençaient à tenir le haut du pavé, où les réalités de la diplomatie prenaient le pas sur l'idéal chevaleresque. Charles se voyait en nouvel Alexandre, en nouveau Hannibal. Il ne connut, en fait d'épopée, que deux déroutes humiliantes face aux Suisses, en fait de gloire, qu'une mort anonyme, de la main d'un simple chevalier, aux portes de Nancy.
Marcel Brion, de l'Académie française, fut un admirable connaisseur de la Renaissance italienne (Michel-Ange, Léonard de Vinci, Machiavel, Les Borgia) et du romantisme allemand (Goethe, L'Allemagne romantique, La Peinture romantique). Il s'est également penché sur les grands destins historiques. Les hommes habités par un rêve d'empire le fascinaient, qu'il s'agisse de Tamerlan, de Théodoric, roi des Ostrogoths ou de Frédéric II de Hohenstaufen. Dans ses oeuvres brillantes, il a toujours su allier la précision et l'érudition de l'historien à la connaissance des passions humaines qu'il devait à sa vocation d'homme de lettres.