Paru le 15/05/1995 | Broché 128 pages
traduit du serbo-croate par Alain Cappon
Les médecins - dont on peut douter de l'utilité en de telles circonstances - n'eurent pour ainsi dire quasiment aucun travail ; alors qu'ils marchaient allègrement dans la rue, les gens étaient pris de malaises et s'effondraient, et il ne restait plus au porteur muni de son long crochet qu'à les entasser dans la charrette ; on vit mourir les indigents, mais aussi les riches tellement pris de court qu'ils n'avaient pas le temps de filer ; on vit mourir les faibles, mais aussi les forts ; moururent tous les frères du monastère voisin qui s'étaient évertués, tant bien que mal, à alléger les souffrances des malheureux ; moururent tous les médecins, la majorité s'écroulant au chevet de leur dernier malade ; les médecins moururent tous, sauf un - moi.
Radoslav Petkovic est né en 1953. Il vit à Belgrade. Ecrivain-phare de la nouvelle littérature serbo-croate, il y a dans son œuvre du Borges et du Tolkien, du Chesterton et du Hofmannsthal, mais surtout du Petkovic.