- Lettre sur madame Gourdan
- Lettre sur la maison de madame Gourdan et les diverses curiosités qui s'y trouvent
- Oraison funèbre de très-haute et très puissante dame madame Justine Pâris, grande prêtresse de Cythère, etc., prononcée le 14 novembre 1773, par madame Gourdan
Collection(s) : Sources de l'histoire de France
Paru le 25/01/2016 | Broché 204 pages
Tout public
édition Mathieu Blot
Correspondance de Mme Gourdan
1773-1783
Voici, chère maman, une histoire qu'on vient de me raconter. C'est la nouvelle du jour ; je ne puis aller vous la dire, étant occupée à me faire couper les cheveux.
Le président de *** a une petite maison près du bois de Boulogne ; là, se dépouillant de sa gravité de magistrat, il s'adonne au libertinage. La Brisseau est l'intendante de ses plaisirs. Ils ne lui donnent point de peine. Le président n'a aucun goût bizarre, et même, quoique vieux, il n'est pas obligé de se servir des excitants ordinaires aux personnes de son âge pour rappeler sa vigueur.
Hors le temps des vacances du Parlement, les ébats du président sont réglés : la Brisseau envoie une fille avec une bonne. La coutume est d'arriver en fiacre, mises bourgeoisement, comme si l'on était des solliciteuses à qui monseigneur aurait donné rendez-vous : le tout afin de garder le décorum de la présidence.
Depuis plus de trois ans, personne ne se doutait de la paillardise du président, lorsque jeudi, le phaéton, à trente sols par heure, qui conduisait les prétendues solliciteuses, étant ivre et ne pouvant mener ses haridelles vis-à-vis la grille de la maison, ils se heurtèrent à un tombereau...