Collection(s) : Histoire et société
Paru le 11/10/2000 | Broché 256 pages
Public motivé
Au tournant des années 1960-1970, deux à trois mille jeunes filles et jeunes hommes, militants maoïstes, abandonnèrent études ou situations professionnelles pour revêtir l'habit de l'ouvrier. Ces «établis» «descendaient de cheval pour regarder les fleurs» (Mao Zedong). Pourtant, quel que soit leur milieu d'origine, rien ne semblait les prédisposer à une telle trajectoire.
Une longue enquête sociologique éclaire leurs convictions politiques et leurs motivations, en premier lieu la volonté de «servir le peuple» dans un climat ouvriériste mêlant inextricablement contrainte morale et spontanéité. L'ouvrage retrace leurs stratégies de dissimulation. Dissimulation aux yeux des employeurs, mais aussi très souvent aux yeux de leurs collègues de travail, ce qui pose des problèmes de fond sur les soubassements de l'«établissement». La plupart ont interrompu l'expérience et l'auteur se penche sur leurs devenirs professionnel et idéologique. Enfin, il analyse ce mouvement à la lumière des concepts de l'anthropologie religieuse : l'«établissement», engagement total, comme bien des avatars du mouvement socialiste depuis le début du XIXe siècle, a bien toutes les caractéristiques d'une religion politique.
Marnix Dressen est maître de conférences en sociologie du travail et des relations professionnelles au Conservatoire National des Arts et Métiers. Au milieu des années 1970, il a été établi quatre ans dans la métallurgie alsacienne.