Collection(s) : La philosophie en commun
Paru le 15/09/1997 | Broché 117 pages
Public motivé
traduit de l'allemand par Philibert Secretan
Roman Ingarden (1893-1970) est le plus important représentant de l'école phénoménologique en Pologne. Né à Varsovie, formé aux disciplines scientifiques - mathématique et physique -, il opte en 1915 pour la philosophie, rejoint Husserl à Goettingen, puis le suit à Freiburg imB. Après une thèse sur Bergson et la restauration de l'indépendance polonaise en 1918, Roman Ingarden fit dans son pays natal une carrière universitaire interrompue par la guerre puis reconduite à Varsovie après la Libération.
La renommée internationale de Roman Ingarden date des années 1960-70 ; elle est due notamment à la version allemande de la fameuse «Controverse sur l'existence du monde» - qui renouvelait une ontologie profondément différente de celle de Heidegger.
Réalisme et objectivisme caractérisent les positions philosophiques d'Ingarden. S'il partage avec la phénoménologie le souci de l'objectivité «analytique», il rejette le «monisme du sujet», c'est-à-dire la suprématie de la conscience et le modèle unique de l'évidence. Par ailleurs, il partage avec Nicolaï Hartmann la vision d'un monde stratifié organisé, structuré.
Ces caractéristiques se retrouvent tant dans ses écrits sur l'art - littéraire ou filmique - que dans le petit traité de la «Responsabilité». Ce dernier dénonce la réduction de la responsabilité au sentiment que l'individu peut en avoir, ou l'extension abusive de la responsabilité à tout ce qui se passe dans le monde. Le sommet de ce court traité est sans doute l'insistance sur la responsabilité que nous avons des valeurs - elles aussi mortelles - qui fondent notre responsabilité. L'homme est suprêmement responsable de demeurer dans l'éminente dignité de sa responsabilité libre et concrètement ancrée dans l'existence.
