Des sens au sens : littérature & morale de Molière à Voltaire

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 202 pages
Poids : 370 g
Dimensions : 16cm X 24cm
Date de parution :
ISBN : 978-90-429-1985-3
EAN : 9789042919853

Des sens au sens

littérature & morale de Molière à Voltaire

chez Peeters

Collection(s) : La république des lettres

Paru le | Broché 202 pages

Public motivé

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Quatrième de couverture

«Tout est sur la terre dans un flux continuel qui ne permet à rien d'y prendre une forme constante. Tout change autour de nous. Nous changeons nous-mêmes et nul ne peut s'assurer qu'il aimera demain ce qu'il aime aujourd'hui (...) C'est une suite naturelle du pouvoir des sensations sur (nos) sentiments internes» (J.J. Rousseau, Rêveries du promeneur solitaire, 9). Cet aveu rousseauiste fait en décembre 1777, indexe la résignation de la culture classique devant l'impureté congénitale de l'humaine condition.

Quand, en 1670, Mme de Lafayette impose à sa Princesse de Clèves, jalouse, de se poser la question : «Que veux-je ?», essentielle au sens qu'elle risque de trahir, cette dernière décide, malgré le sacrifice que son geste implique, de renoncer immédiatement à Nemours : la réinscription du sens dans son histoire s'effectue par le renoncement aux sens, si ce mot peut se prendre pour un équivalent du désir amoureux dont la princesse, à son grand étonnement (Marivaux recourra au terme de «surprise») a fait une expérience bouleversante et troublante. Ce schéma narratif symbolise le classicisme dans toute sa force. Il n'en ira plus de même au XVIIIe siècle.

C'est ce que les études rassemblées ici montrent, chacune à sa manière et dans les domaines variés de la prose fictionnelle, narrative ou dramatique (la comédie, le roman, le conte et les mémoires) et de la prose d'idée, théorique ou polémique (les essais philosophiques, la critique littéraire ou la réflexion esthétique). S'appuyant sur le Misanthrope de Molière (1666), les Illustres Françaises de Robert Challe (1713), les Campagnes philosophiques de l'abbé Prévost (1741), la Vie de Marianne de Marivaux (1734-1737), les Mémoires du Cardinal de Bernis (1715-1794), les Contes moraux de Marmontel (1750-1793), sur l'oeuvre de Voltaire, et surtout ses Contes (1734-1778), ses Lettres philosophiques (1734) et son Dictionnaire philosophique (1764-1769), sur les oeuvres critiques de Pierre-Valentin Faydit (1700), de Lenglet du Fresnoy (1734), d'Aubert de la Chesney des Bois (1743), de Jacquin (1755), de Jean Charpentier (1751) entre autres et enfin sur la Lettre sur les sourds et muets, le Discours sur la poésie dramatique (le Salon de 1767 et le Rêve de d'Alembert (1769)), la Satire première (1773-1778) de Diderot, l'ouvrage parcourt de nombreux territoires culturels, entre 1660 et 1778 (de Molière à Voltaire).

Il constate la modification profonde qu'instaurent les oeuvres de fiction et de réflexion dans la conscience esthétique et morale de leur temps qui tente de mettre fin à l'idéalisme antérieur, source de beautés et de grandeurs impressionnantes certes, mais de plus en plus perçu comme un donquichottisme vaniteux ou un académisme stérile. Les sens ne seront plus écartés de l'affirmation du sens. La volonté sortira affaiblie de ce devenir impur de la morale. La volonté ne définissant plus l'idéal humain, le sens devient instable et fragile. S'entame ainsi, sourdement, une marche qui, malgré les efforts du déisme (voltairien ou rousseauiste), se poursuit actuellement dans notre modernité occidentale, perplexe devant la disparition de la référence divine, ancienne garante du sens et légitimation transcendante de la volonté.

Biographie

Jacques Wagner, agrégé des lettres, docteur d'Etat, est professeur de littérature française du XVIIIe siècle à l'Université Blaise-Pascal et membre du CERHAC (UMR 5037). Ses recherches portent sur les revues littéraires et sur les rapports de la conscience esthétique et de la conscience historique. Ses derniers travaux ont traité de l'ironie littéraire chez Lesage, de la représentation du temps historique chez Voltaire et de la mémoire individuelle chez Rousseau.