Collection(s) : Collection Théâtre
Paru le 01/12/2012 | Broché 93 pages
dessins Guy Chamoux | préface Joseph Danan
Tuez-moi !... Tuez-moi, mon Dieu !... Qu'on en finisse ! Que je disparaisse de la surface de ce monde ! Faites que je m'étrangle avec ma voix, que je m'étrangle dans elle. Faites que je tombe comme une lourde pierre, dans mon cri comme une lourde pierre. Que je tombe dans cette mer d'immondices, que je me noie dans cette mer de femmes, de toutes celles que vous avez souillées, de tous ces ventres que vous avez grossis, cette mer remplie du corps des femmes, remplie des pleurs de millions de femmes. Toutes ces mères qui pleurent vos crimes les plus abjects. Toutes ces mères qui pleurent les enfants que vous avez volés, qui pleurent toutes ces guerres que vous autorisez. Toutes ces guerres qui sonnent le glas de votre nom comme une reconnaissance de votre nom. Votre nom comme le porte-parole des plus immondes monstruosités. Votre nom comme les trompettes de la mort. Votre nom comme le plus noir des présages.
Circularité du désastre. Tout ici se répète, comme dans le cerveau délabré d'un vieil homme ou dans celui d'une jeune fille mourante sur son lit d'hôpital [...]. Les êtres se dédoublent, les vivants dialoguent avec des fantômes, jusqu'à ne plus laisser dialoguer que des fantômes entre eux. Stella et son double, Irène. Irène et son double, Stella. Le spectre d'Irène et celui de Stella. Le désastre est un cycle auquel on n'échappe pas.
Guy Chamoux est né en 1959 à Aubenas, en Ardèche. Après un mémoire sur l'enfermement amoureux dans La Prisonnière de Marcel Proust, il devient professeur des écoles.
Son intérêt pour l'art le conduit parallèlement à suivre, aux Ateliers de la Ville de Paris, les cours de Kambiz, d'Ernesto Drangosh et de Yanne Auguin. Plus récemment et pendant quatre années, il se forme à la gravure auprès de Marc Brogniart à Ivry.
Guy Chamoux élabore une oeuvre nourrie d'un dialogue fertile entre peinture et littérature, inspirée notamment de Malcolm Lowry (exposition Sous le volcan, Paris, 2005) ou de À la Recherche du temps perdu, de Marcel Proust (exposition La Porte jaune, Chantilly, 2008), et expérimente différentes techniques à travers des cycles tels que son « cadastre charnel », série de portraits-paysages, de « corps géographiques », ou la Valve Saint Jude, journal d'hôpital en trente-quatre gravures (2008).
« Peindre et écrire se rapprochent insensiblement. J'en viendrai à me dire que le petit format qui conditionne mon travail naît de cette double inclination : il faut peindre pour raconter une histoire et la peinture se voit dans des livres. Donc je dois écrire et peindre dans la dimension du livre pour raconter une histoire ». G. C.
Jean-Paul Rouvrais naît en Bretagne en 1968. Après avoir trop tôt travaillé, il s'installe à Londres, puis découvre Paris, le théâtre, et reprend ses études. Menant de front théorie et pratique, il se forme à l'Ecole Florent et à l'Ecole du Théâtre du Rond-Point sous la direction de Marcel Maréchal. Il suit des stages avec Jean-Claude Fall et Philippe Adrien, puis des cours de technique vocale, d'écriture et de danse.
Il apparaît dans La chair de l'homme de Valère Xovarina au Théâtre du Rond-Point à Paris et joue pour Bernard Sobel au Théâtre de Gennevilliers (Zakat ou Le soleil couchant, de Isaac Babel ; La tragédie optimiste, de Vsevolod Vichnevsky ; La fameuse tragédie du riche juif de Malte, de Christopher Marlowe ; Ubu roi, de Alfred Jarry). Il joue également pour Grégory Motton dans Chats et souris (moutons).
Au cinéma, on a pu le voir dans L'Anglaise et le duc d'Eric Rohmer. La veuve de Saint Pierre et La fille sur le pont de Patrice Leconte, dans Hexagone, de Malik Chibane et dans Je m'appelle Elizabeth, de J-P Ameris.
Il met en scène Une saison en enfer, d'après Arthur Rimbaud et la peinture de Francis Bacon, La nuit juste avant les forêts, de Bernard-Marie Koltès, en mandarin (jouée en Chine en 2013 et créée au théâtre des Déchargeurs, à Paris) ; Les deux soeurs, de Robert Gurick, pour le festival d'Avignon 2012 ; Le chant de la mouche, l'une de ses pièces, lue au théâtre du Rond-Point et montée à la Crypte Ararat à Paris.
Jean-Paul Rouvrais est aussi l'auteur de pièces comme La ferme. Marvelous village, Plate-forme, Dans les mines du corps. L'apparaître et La main. U travaille en collaboration avec la scène nationale de Cergy-Pontoise et est aussi chargé de cours à l'université, en licence de Lettres modernes.
