Collection(s) : Epiméthée
Paru le 29/05/2019 | Broché 424 pages
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Depuis Copernic, la cosmologie antique et médiévale, qui voulait « enfermer le monde dans une boule », est entrée dans une crise à laquelle ne survivra pas le Dieu cosmique, sage artisan disposant dans l'ordre dû le système des orbes solides. C'est cette crise que Descartes a voulu surmonter par la métaphysique et par la déduction d'une proposition « fondamentale » : l'étendue est l'essence du corps.
Ce dessein n'impliquait pas le rejet de toute théologie, mais le retour à une théologie libérée des chimères de la scolastique (matière première, qualités réelles, formes substantielles, espaces imaginaires...). Ce même dessein gouverne la « fable du monde » qui expose une physique cohérente avec l'explication de la Genèse - on prendra donc ici au sens littéral l'intention cartésienne de « démêler le chaos pour en faire sortir la lumière ».
Qu'en résulte-t-il ? Rien de moins qu'un nouveau ciel et un nouveau monde. Loin d'engloutir l'homme dans la nuit de la disproportion, ceux-ci doivent le conduire à reconnaître en quoi consiste sa vraie perfection. Dans ce nouveau monde doit donc naître un homme nouveau, qui renonce au privilège fictif d'en constituer le centre ou le but, et se conçoit lui-même comme une « partie » - indéterminée et quelconque - de tout l'univers. C'est dans cette inflexion que s'inaugure, avec Descartes, le tournant de la modernité.
Édouard Mehl est professeur de philosophie moderne et d'histoire des sciences à l'Université de Lille. Il est notamment l'auteur de Descartes et la visibilité du monde. Les Principes de la philosophie (Puf, 2009) et de Descartes en Allemagne, 1619-1620. Le contexte allemand de l'élaboration de la science cartésienne (Presses Universitaires de Strasbourg, 2e éd. 2019).