Collection(s) : Etudes renaissantes
Paru le 01/04/2007 | Broché 666 pages
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Du mystère et de la moralité à la tragédie et à l'auto en passant par la sacra rappresentazione et le spectacle de cour, le théâtre de la Renaissance subit une mutation profonde que la figuration et le rôle de la divinité font apparaître avec une évidence particulière. Les auteurs de mystères n'éprouvent aucun scrupule à confier à des acteurs le rôle de Dieu, non seulement celui du Christ mais encore celui du Père ou même du Dieu-Trinité. Informée par la réflexion théologique sur l'image, la figuration théâtrale de Dieu en fait ressortir les lignes de force. Elle rencontre la tradition iconographique sans se confondre avec elle, si bien que la question ancienne de l'influence réciproque entre théâtre et arts plastiques s'en trouve dépassée. Dans la tragédie, le rôle de Dieu, de sa mémoire et de sa colère, mais aussi de son amour rédempteur, pèse sur les hommes, leurs actes et leur destin, mais comme personnage Dieu lui-même s'absente de la scène. Les dieux ne le remplacent pas. Ni destinateurs, ni metteurs en scène, ils signifient autre chose qu'eux-mêmes. Ils servent les desseins religieux et politiques des dramaturges, se plient à leurs préoccupations civiques, astrologiques et scientifiques, morales et philosophiques. Les trente-quatre communications rassemblées dans ce volume, précédées d'un essai de F. Boespflug, s'intéressent aussi bien aux modalités techniques de la représentation scénique du divin qu'à ses enjeux littéraires, spirituels et sociaux. Elles touchent toutes les aires linguistiques de l'Europe occidentale, du Portugal à l'Allemagne, de l'Angleterre à l'Italie sans oublier les tragédies latines. Rappelant que le théâtre est à la fois une entreprise artistique et un moyen de communicaiton de masse, elles permettent de cerner les identités locales et les déchirements confessionnels ou nationaux dans l'unité contestée de l'Europe. Elles renouvellent la dialectique de la continuité et de la rupture que l'historiographie de la Renaissance ne cesse de remodeler.