Paru le 12/01/2004 | Broché XII-356 pages
Public motivé
préface Michel Morange | texte Wolff, Von Baer, Geoffroy Saint-Hilaire et al.
D'abord science d'observation, l'embryologie est devenue expérimentale au XIXe siècle. En 1910, Thomas Hunt Morgan, qui cherchait à comprendre le développement de l'embryon de vertébré, jugea nécessaire de se mettre à l'étude de l'hérédité. Il se tourna vers la drosophile et créa la génétique. Embryologie et génétique avaient, de toute évidence, des relations étroites, mais les désaccords qui se manifestèrent rapidement exprimaient de profondes différences: différences de tradition, d'hypothèses et de méthodes. Les généticiens, par exemple, étaient incapables d'expliquer comment les gènes pouvaient rendre compte du plan d'un organisme, ou d'un gradient dans un oeuf, ou de la polarité d'un embryon précoce.
À la fin du dernier siècle, les avancées de la biologie moléculaire et la naissance du génie génétique ont entièrement transformé l'embryologie, en donnant un accès à l'étude des réactions qui sous-tendent le développement de l'embryon. Longtemps restée descriptive, l'embryologie ou, comme on dit aujourd'hui, la biologie du développement, est devenue moléculaire. C'est dire qu'en un siècle, cette étude a changé plusieurs fois de concepts, de terminologie et de techniques expérimentales.
Le meilleur moyen de mettre en évidence et de suivre l'évolution d'une science consiste à se reporter aux textes écrits par ceux-là mêmes qui l'ont pratiquée. C'est une telle anthologie des «textes fondateurs» qu'ont brillamment réalisée Jean-Claude Dupont et Stéphane Schmitt. Cette lecture est sûrement le meilleur moyen de parcourir le chemin un peu rude qui des «feuillets de l'embryon» a conduit aux «gènes du développement».
François Jacob
Jean-Claude Dupont
est docteur en pharmacie, ancien interne, docteur en biochimie et docteur en histoire des sciences. Il est actuellement maître de conférences en histoire et philosophie des sciences à l'université de Picardie. Il a publié une Histoire de la neurotransmission (Puf, 1999).
Stéphane Schmitt
est ancien élève de l'École normale supérieure et agrégé des sciences de la vie et de la terre. Il a soutenu une thèse sur l'histoire du problème des parties répétées en biologie. Il est actuellement chargé de recherche au Cnrs en histoire et épistémologie des sciences.