Duos d'une seule voix : quatre saisons d'un Noir marron dans la comté de Bourgogne

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 286 pages
Poids : 300 g
Dimensions : 16cm X 24cm
Date de parution :
EAN : 9782878231540

Duos d'une seule voix

quatre saisons d'un Noir marron dans la comté de Bourgogne

de

chez Cêtre

Paru le | Broché 286 pages

20.00 Indisponible

Quatrième de couverture

Les choses que je conte ici étaient bien trop présentes trop pressantes trop violentes en moi que je puisse m'en distancer assez d'en faire de « la vraie poésie »... (Les amateurs et connaisseurs de « la vraie poésie » m'en excusent...). Le chaos, l'arythmie, l'acrobatique de mes pensées et de mes phrases - leur métissage - redisent donc à travers ces pages le décousu de ma vie réelle : celle d'être un Français à peau brune, et pire, un Comtois de couleur !... Chose qui n'a rien de trop harmonique ni poétique en soi, on peut m'en croire... Ne voulant pas que faire joli et plaire aux esprits raffinés - et cannibales - c'est presque délibérément que je me suis refusé d'en dérober la déchirante violence sous un pudique manteau d'harmonie (qui illustrerait aussi la native compétence du français à tout « intégrer » sur la terre...) et que j'ai laissé ma colère ma peine et ma comtoiserie se dire dans le brûlant désordre où je les vis... Le faire sans que ces deux absolus opposés - d'être un Noir et né de la Comté - ne laissent voir leur inconciliable dans la forme même du récit m'eût semblé un mensonge et déjà en prostituer la douleur et la vérité... Ma ballade titube ainsi entre la grâce des ellipses et les lourdes démonstrations philosophantes au hasard de ses propres déterminations.

(Et puis lorsqu'une langue sert aussi à vous traiter de « crouille, de négro » (de crotte), vous ne pouvez plus, vous, l'employer telle qu'elle est... il vous faut la reprendre au fond, la rebâtir dans votre sens... revenir à des impressions une pensée et une expression radicalement vôtres.)

Ce qui fait une raison de plus, on l'aura compris, pour que « j'emmerde les gendarmes et la maréchaussée »... de « la vraie poésie » comme de « la vraie philosophie »... (Tous gens préoccupés seulement d'épargner leurs divins ego du moindre contact avec la réalité.)

Une chose encore : il est vrai que pour qu'aient pu coexister ma couleur et ma comtoisité il a fallu que la Comté, je ne dirais pas y mette du sien (...) mais au moins ne s'y oppose pas absolument - ne fût-ce que par distraction. Aussi, et bien que la peine m'en ait pour l'essentiel incombé, je remercie les rares belles âmes qui auront cherché de m'aider à survivre dans tel paradoxe (même si elles n'auront fait le plus souvent qu'en confirmer l'irréductible).

Quoi qu'il en soit, Comtois ai été - et Nègre - et y ai pu durer... Cet impossible a existé !... même dans l'horreur dont je tente ici le récit (et l'analyse). Est-ce promesse que « petit à petit » - comme me l'assurent les optimistes - la chose devienne normale, commune banale aisée ? Je n'en oserais pas jurer... mais le rêver n'est pas interdit... Après tout comme l'énonce le « on dit » : même les nains commencent petit !...