Collection(s) : Monde caribéen
Paru le 02/11/2004 | Broché 300 pages
Public motivé
présentés par Dominique Chancé | accompagnés d'une étude de Marie-Christine Hazaël-Massieux et d'un entretien avec Daniel Maximin
«Eh! oui, Guadeloupéens, nous possédons tout et nous importons tout. Notre fonction dans le monde semble être d'importer. Nous importons des poteaux téléphoniques, de la paille à emballer les bananes, nous importons jusqu'à de l'eau, jusqu'à des fleurs des champs.»
Celui qui s'exclame ainsi et se révolte contre la dépendance de son pays se nomme Rémy Nainsouta. Il prononce en 1941 une conférence intitulée Sésame ou les clés de la prospérité créole, afin d'attirer l'attention sur les «trésors» que recèle la Guadeloupe et que les Guadeloupéens continuent d'ignorer. Il ne cessera de plaider pour une autonomie qu'il définit en ces termes: «Où la chèvre est attachée, il faut qu'elle broute».
En 1948, représentant de la France aux Conférences des West Indies, il fut le fervent défenseur d'une fédération caribéenne, envisagée par Victor Schoelcher dès 1842, et qui lui semblait s'inscrire, «naturellement» dans l'avenir des Antilles.
Dominique Chancé, maître de Conférences à l'université de Bordeaux 3, nous invite à redécouvrir la pensée de l'«éminent Guadeloupéen», que saluait Daniel Guérin, dans Les Antilles décolonisées: un penseur dont la vigoureuse parole, pleine d'humour et de simplicité, n'a guère été entendue en son siècle.