Paru le 20/08/2021 | Broché 109 pages
Tout public
préface Martine Aubry
En regard, à l'écoute, comment mieux dire ce qui fonde l'oeuvre de Pierre Dhainaut. Comment mieux dire à quel point ces mots nous inspirent et nous incitent à les partager, à les vivre. La poésie de Pierre Dhainaut est, comme il a été souvent dit, un art du souffle. Par ses livres avec les artistes, « livres d'échanges » dit-il parfois, chacun pourra constater que ce souffle part de l'intérieur et s'élargit pour accueillir le monde. Avec Pierre Dhainaut, la poésie, les livres et les artistes font oeuvre d'alliance. C'est ce que donne à comprendre cet ouvrage édité à l'occasion de l'exposition coproduite par deux établissements culturels de la Ville de Lille, le Centre d'Arts Plastiques et Visuels et la bibliothèque municipale.
Sabine Dewulf
Née en 1966 à Cambrai, agrégée de lettres modernes et docteure ès lettres, Sabine Dewulf est enseignante, écrivaine et psychanalyste en rêve éveillé.
Pierre Dhainaut
Pierre Dhainaut est né à Lille le 13 octobre 1935. Fils d'instituteurs, il passe son enfance et son adolescence dans la ville ouvrière d'Armentières. En classe de cinquième, son professeur de français lui fait découvrir Victor Hugo et la poésie ; il qualifie rétrospectivement cette découverte comme essentielle. Après avoir rencontré Jacqueline, qui deviendra son épouse et avec laquelle il aura deux enfants, il s'installe en 1957 à Dunkerque. Agrégé de lettres modernes, il accomplit toute sa carrière dans cette ville et y vit toujours.
D'abord proche du surréalisme, Pierre Dhainaut va progressivement s'orienter dans une voie plus singulière marquée par les influences inaugurales de deux rencontres : Jean Malrieu dans les années 1960, l'ami dont à plusieurs reprises il a édité l'oeuvre posthume, puis Bernard Noël dans les années 1970. À ces deux poètes, il consacrera études et articles critiques, ainsi qu'à d'autres auteurs qui l'ont marqué : Octavio Paz, Jean-Claude Renard et Yves Bonnefoy.
L'œuvre de Pierre Dhainaut s'ouvre en 1969 avec Le Poème commencé publié au Mercure de France. En cinquante ans, elle s'est enrichie de plus de trente recueils, sans compter les nombreux textes en revues, les préfaces d'éditions et les études et critiques en catalogues ou ouvrages collectifs. Singulièrement, sa première anthologie, Le Don des souffles, publiée en 1991 aux éditions Rougerie, ne contient que des poèmes postérieurs aux crises traversées après le surréalisme. On y trouve les thèmes fondamentaux de son œuvre : le souffle, la présence au monde, l'offrande ; thèmes qu'il ne cessera de creuser et d'approfondir par la suite à travers une écriture parfois ample, parfois fragmentaire, proche du haïku. Avec l'emploi fréquent de la forme interrogative, l'oeuvre se présente dans une sobriété qui n'est jamais un repli mais une invitation aux questions de seuil, de passage, de quête de soi, d'attention aux autres et d'accord avec le monde. Aux thèmes souvent abordés, le vent, la mer, l'air, la voix, la respiration, il faut adjoindre ces dernières années ceux de l'enfance, des enfants et de la mémoire.
Pierre Dhainaut a obtenu de nombreux prix dont celui de la Ville de Lille en 1991 et le prix Guillaume-Apollinaire en 2016 pour l'ensemble de son oeuvre, à l'occasion de la parution de son recueil Voix entre voix aux éditions L'Herbe qui tremble. Depuis le milieu des années 1990, il collabore avec de nombreux peintres et graveurs dans la production de livres et manuscrits. Dans des formes souvent modestes (un nombre d'exemplaires limité), la poésie de Pierre Dhainaut trouve matière à échanges et connivences qui résonnent avec le reste de son oeuvre. Une importante partie de cette production est aujourd'hui consultable à la bibliothèque municipale de Lille et cet ouvrage en présente une sélection.
