Enkiridion sur le livre et les écrivains : citations : orné de lettrines et vignettes

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 95 pages
Poids : 400 g
Dimensions : 14cm X 21cm
Date de parution :
ISBN : 978-2-86971-019-1
EAN : 9782869710191

Enkiridion sur le livre et les écrivains

citations
orné de lettrines et vignettes

de

chez Lacour-Ollé

Paru le | Broché 95 pages

Tout public

4.57 Indisponible

préface de Serge Velay


Quatrième de couverture

Enkiridion sur le Livre et les écrivains

Il n'est pas rare que l'on nous demande, à nous « gens du livre » (comme on dit par un excès de langage), et non sans quelque naïveté feinte ou réelle : Mais qu'est-ce donc que le livre ?

Eh bien, probablement ceci qui, à la fois, ouvre démesurément et borne tout un monde : « l'univers est un immense livre » (Mohyddin Ibn Arabi) et « le monde est fait pour aboutir à un beau livre » (Mallarmé). Mais ceci encore : quelque chose qui nous précède et reconduit chaque fois, à chaque tentative, la redondance du Livre : on écrit avec les livres, avec tous les livres qui nous ont précédés. De sorte que le livre pourrait être rapporté à un ordre fondé sur une manière de tautologie à laquelle il serait impossible d'échapper. Comme s'il avait été placé sous l'influence du Malin, le livre consisterait en une invention parmi les plus diaboliques qui soient.

A quoi il faut ajouter que les livres, tous les livres, y compris ceux qui nous sont les plus familiers - non seulement ceux que nous lisons le plus assidûment, mais encore et surtout ceux que nous avons écrits -, tous nous restent mystérieux.

(...) De là, assurément, cette double attitude de la part des écrivains cités, témoins appelés à comparaître, qui sont à la fois juge et partie : les uns énoncent un ordre auquel ils s'efforcent tant bien que mal de se conformer, tandis que les autres dénoncent le même ordre auquel ils tentent sans succès de se soustraire. Quelques-uns enfin s'essayent à embrasser tous les aspects inhérents à une pente qu'ils semblent éprouver comme une irréductible fatalité. Ce que nous révèle à la fin ce livre sur le livre, c'est une multitude de rets dans lesquels le lecteur et le livre sont pris au même piège.

D'une certaine manière, nous sommes tous des « compilateurs » (fût-ce sans le savoir, ou par anticipation), même si, à l'instar d'un Proust, nous faisons de la matière de notre expérience la matière de notre livre. Toujours l'utopie nous guette, qui renvoie nécessairement à la « bibliothèque » : recherche de l'agencement parfait des livres, érection d'une « bibliothèque idéale », quête du livre qui les contiendrait tous, ou à l'inverse, du mot qui contiendrait tous les mots.