Collection(s) : Psychanalyse et pratiques sociales
Paru le 23/04/2002 | Broché 235 pages
Professionnels
Le suicide collectif apparaît comme une aberration sociale, une extrême anomalie de la culture. Et si c'était au contraire l'aboutissement de toute collectivisation achevée ? Si c'était la destinée cachée - sectaire et mystique - de toute histoire commune, de toute pensée unique ? Admettons-le, ne serait-ce qu'un moment. Nous sommes alors contraints de bouleverser notre perception de la vie sociale et politique. Celle-ci ne devrait pas sa survie à la recherche d'unité bien-gérée, mais aux «trous» dans le collectif ; à la résistance des corps vivants, et non à l'Esprit qui tente de les fondre en une mortelle idéalité commune.
La théorie freudienne du «lien de masse» rend compte de cette dérive fatale des collectifs idéalisés. Sous-estimée par les sciences sociales, elle permet de lire ce qu'il advient aujourd'hui de nos sociétés saisies dans l'imago d'une «secte-monde», et du péril majeur qui les y guette. Elle permet aussi, rétroactivement, d'analyser l'histoire occidentale comme une suite d'oscillations entre la capture fatale par l'Idéal et le retour à la pluralité vivante des Corps. Est-ce dans ce balancement, cette danse entre Corps et Esprit, que la culture humaine résiste au cours des temps à la fascination narcissique ?
Denis Duclos est sociologue, docteur d'Etat et directeur de recherche au CNRS. Collaborateur au Monde Diplomatique, il est membre de l'Ecole doctorale de l'UFR de Philosophie de l'Université Panthéon-Sorbonne (Paris I), et membre de l'Ecole doctorale de Recherche en Psychanalyse, de l'Université Denis Diderot (Paris VII-Jussieu).