Entre faits de vie et faits de guerre

Profondeville, Arbre, Bois-de-Villers, Lesve, Lustin et Rivière, six villages plongés dans la tourmente de la seconde guerre mondiale. Un calvaire long de cinq années.

En 1939, malgré la mobilisation et les premières restrictions, la population se prend encore à espérer en la paix, jusqu'à ce terrible 10 mai 40 ! Les Allemands envahissent la Belgique. Les Français nous viennent en aide et se positionnent tout le long de la Meuse. Les 12,13 et 14 mai, de durs combats les opposent à l'envahisseur. Ils résistent courageusement. Néanmoins, l'agresseur force le passage. Les villageois prennent la route de l'exode. « Nos soldats », ceux de nos villages, se battent ailleurs en Belgique. Dix-huit jours.

Les pertes humaines, tant civiles que militaires, sont lourdes. Les administrations communales estiment les dégâts, elles dressent des listes de victimes et de prisonniers. L'occupant s'installe chez nous et la vie reprend son train-train quotidien. Un quotidien de guerre avec son lot de restrictions, de privations et de peur. On se débrouille pour manger presqu'à sa faim, pour se chauffer, s'habiller...

Des familles juives traquées par les nazis se cachent dans des familles accueillantes.

Attendre la libération ! Voir les armadas d'avions alliés qui fondent sur l'Allemagne, c'est un signe d'espoir. La résistance s'organise. Un avion canadien revenant de mission sur la Ruhr s'écrase à Lesve ; l'équipage est anéanti. Au fil des mois et des premiers revers militaires, l'occupant devient nerveux. Des jeunes gens sont déportés en Allemagne et rejoignent les nombreux prisonniers à qui les familles, malgré la rigueur des temps, envoient des colis. Le temps passe toujours sous le joug ennemi.

Goering a-t-il séjourné à Lustin ? Et Hitler s'y est-il arrêté également ?

Un avion allemand s'écrase à Arbre. La résistance, de mieux en mieux armée et organisée, sabote les lignes ennemies.

Puis, c'est le 6 juin 44. Les Alliés débarquent. L'espoir se concrétise.

Ensuite, c'est le 6 septembre 1944 ! Ils sont là. Les Américains libèrent nos six villages au prix de combats acharnés sur les bords de Meuse. Avant d'abandonner les lieux, les SS boutent le feu au village de Rivière et pillent Lustin. Cela sent la fin pour eux.

L'hiver 44 est effroyable. Un froid terrible avec un dernier sursaut allemand dans les Ardennes. Et s'ils revenaient ! Les G.I. résistent à Bastogne, les Anglais sécurisent le front intérieur. Ils sont à Bois-de-Villers, à Rivière, à Arbre...

La guerre continue, mais cette fois, de l'autre côté de nos frontières. Les Alliés libèrent les camps et les premiers prisonniers rentrent au village. C'est la fête ! Papa est de retour, crie un gamin ! Le 8 mai 1945, presque cinq ans jour pour jour, c'est fini !

Nous sommes libres !