Collection(s) : La philosophie à l'oeuvre
Paru le 11/12/2015 | Broché 282 pages
Public motivé
L'histoire de l'Union soviétique a prétendu réaliser l'utopie avant d'en confirmer l'impossibilité. Le présent livre développe cette ambivalence en faisant jouer la polysémie de l'idée d'utopie (négativité, rêve, projet, illusion) et en reproduisant le conflit entre l'utopiste et l'anti-utopiste sous la forme des tourments de la conscience utopique, où la limite entre la libération et l'oppression devient énigmatique. Conceptualiser l'utopie, c'est construire un espace conflictuel de prises de position. Elle apparaît comme l'effet changeant des rencontres conjoncturelles entre des visions contradictoires du monde social et politique. Sa polarité dans l'imaginaire avec l'idéologie est le point d'articulation entre la politique et l'histoire comme processus ouvert, incertain et non totalisable. Elle existe alors sous la forme d'un travail de l'espérance, conçu comme une interprétation et une intervention dans des conjonctures jugées oppressives, même si son contenu reste indéterminé et controversé. L'incapacité où se trouve la conscience moderne de tracer une ligne de démarcation entre le possible et l'impossible, l'utopie, l'idéologie et le réel, explique qu'un concept d'utopie soit à la fois problématique et indispensable.
Nestor Capdevila est maître de conférences en philosophie politique à l'université Paris Ouest Nanterre La Défense et membre de Sophiapol. Il a notamment publié Las Casas, une politique de l'humanité. L'homme et l'empire de la foi (éditions du Cerf, 1998) ; Le concept d'idéologie (PUF, 2004) ; Tocqueville et les frontières de la démocratie (PUF, 2007) ; Impérialisme, empire et destruction, dans B. de Las Casas, La controverse entre Las Casas et Sepúlveda (Vrin, 2007) ; Tocqueville ou Marx. Démocratie, capitalisme et révolution (PUF, 2012).