Collection(s) : Cadre rouge
Paru le 16/09/2010 | Broché 211 pages
« Ainsi, le problème essentiel de ma vie est résolu. En devenant un chat, je ne suis plus jamais seule. Ou encore, la solitude et moi sommes devenues une même chose. J'ai trouvé tout ce que je cherchais : la grandeur humaine, l'espace disponible - non seulement les rues sont à ma disposition, mais je peux aussi me promener sur une immense quantité de toits - le repos, et surtout mon amour inconditionnel envers A. Vivre ici est possible grâce à la diminution considérable de mon champ de vision et de ma taille, qui empêchent la perception des détails désagréables de la race de mon maître. Je ne vois plus de contradictions, de failles dans leurs raisonnements et leurs penchants dangereux, je ne perçois plus leur gourmandise, leur dieu qui les fait s'entretuer.
Je me souviens encore de tout cela, mais ma mémoire est de moins en moins précise. Avec A. je peux maintenant pratiquer l'attachement dans la séparation, croire à l'absolu dans l'incertitude, avoir confiance en un merveilleux avenir, en consumant sans merci les instants présents. Nous sommes enfin devenus contemporains. Je peux maintenant relier tout cela que mon intelligence d'antan n'arrivait point à assembler. »
Ying Chen est originaire de Shanghai et vit à Vancouver (Canada anglophone) avec ses deux fils. Elle jouit au Québec d'un très grand prestige. Ses précédents livres ont été remarqués par la critique française, notamment Mémoires de l'eau, Immobile, Le Mangeur, Quatre Mille Marches. Elle est invitée à l'automne par le festival America (Vincennes).