Etat colonial, noblesse et nationalisme à Java : la tradition parfaite

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 800 pages
Poids : 860 g
Dimensions : 14cm X 21cm
Date de parution :
EAN : 9782845866379

Etat colonial, noblesse et nationalisme à Java

la tradition parfaite

de

chez Karthala

Collection(s) : Recherches internationales

Paru le | Broché 800 pages

Professionnels

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Quatrième de couverture

La formation de l'État à Java, du XVIIe au XXe siècle, est inséparable de celle de la noblesse de robe des priyayi. L'exercice de l'autorité en est venu à se dire et à se vivre dans les termes propres à la façon priyayi de se penser et de penser le monde social. La relation de domination s'est énoncée selon un langage mystique. Celui-ci pose l'existence d'un envers invisible du réel, et donc d'une manière spécifique d'acquérir et de mettre en oeuvre, par la pratique de l'ascèse, un pouvoir sur soi et sur autrui. Les scribes des palais ont élaboré une «vision» de Java comme ordre social idéal, comme domaine moral inaltérable. Ils ont affirmé l'existence d'une «façon javanaise» de (bien) faire les choses : une «tradition parfaite» enserrant la vie sociale dans une litanie de règles de conduite, porteuses d'un rapport particulier de soi à soi.

C'est sur cette «vision» de Java que les premiers hérauts du nationalisme anticolonial, en majorité issus du milieu priyayi, ont pris appui pour doter la nation à naître d'une théorie antidémocratique de l'État. Mais pour que le Java éternel des poètes de cour devienne la condition du discours nationaliste, il fallait que le langage de la «tradition parfaite» cesse d'être une illusion collective et soit passible d'usages proprement instrumentaux. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'État colonial néerlandais en Insulinde était devenu producteur et certificateur d'un «savoir sur Java». Concurrençant l'imaginaire de la «tradition parfaite», ce dernier avait permis aux priyayi de développer un rapport réflexif et stratégique à leur propre trajectoire identitaire. Cherchant à lutter contre cette représentation coloniale de Java, mais aussi à se la réapproprier, les priyayi se sont alors assujettis à leur règle morale sur un mode inédit. Auparavant, il n'était possible que d'être priyayi. Il était maintenant possible de le paraître, de jouer à l'être.

A travers l'histoire de la constitution morale de la noblesse de robe des prlyayi, et bien au-delà du seul cas javanais, cette somme magistrale renouvelle la recherche sur la situation coloniale, l'historicité de l'État, la contingence du nationalisme et la subjectivité politique.

Biographie

Romain Bertrand est chargé de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques (CERI).

Après avoir consacré ses premières recherches à l'historicité de l'État colonial à Java et à la société politique indonésienne, il a étendu ses travaux à la Malaisie. Il a publié Indonésie : la démocratie invisible (Karthala, 2002) et co-dirigé (avec Emmanuelle Saada) un numéro spécial de la revue Politix sur «L'État colonial» (2004). Il prépare actuellement un ouvrage sur Islam et politique en Indonésie (à paraître chez Perrin) et co-dirige, en collaboration avec Christian Lechervy, une Histoire politique de l'Asie du Sud-Est (à paraître chez Fayard). Membre du comité de rédaction de Politix, il est co-responsable du Groupe d'analyse des trajectoires du politique au CERI.