Collection(s) : La philosophie en commun
Paru le 11/10/2018 | Broché 177 pages
Public motivé
traduit de l'espagnol par Valentine Le Borgne de Boisriou
L'eugénisme social
Configurations du pouvoir aux temps de la mort en vie
La recherche stimulante de Daniel Fränkel a pour objectif de poursuivre les travaux de Foucault, en considérant le dispositif asilaire comme le paradigme privilégié pour une analyse non seulement des mécanismes par lesquels la société a traité la folie, mais également, et de façon plus audacieuse, comme forme de compréhension du fonctionnement de la logique gouvernementale à l'oeuvre dans le déploiement politique des sociétés occidentales contemporaines.
C'est ici qu'acquiert toute son amplitude celle qui constitue l'une des nouveautés les plus importantes apportées par ce livre, dans son aspect théorique : le concept d'« eugénisme social », qui, comme le formule Daniel Fränkel, définit une catégorie heuristique capable d'expliquer la logique interne qui régit le destin biopolitique des sociétés nées de l'expérience moderne.
L'auteur de ce livre, prenant résolument ses distances de tout romantisme, établit un diagnostic sombre sur le présent et le futur des institutions de santé mentale autant que d'une société fondée sur une logique d'eugénisme biopolitique pour exercer le pouvoir gouvernemental. Cependant, ce « pessimisme » de l'analyse ne doit pas être confondu avec l'inaction face aux dispositifs du pouvoir. Au contraire, Fränkel, avec l'implacable rigueur avec laquelle il juge la politique contemporaine, invite le lecteur, à chaque pas, à prendre en compte les risques et à prendre en charge la résistance aux mécanismes d'un pouvoir omniprésent qui menace les formes de la sociabilité politique en Occident.
Daniel Fränkel est docteur en sciences sociales de l'Université de Buenos Aires. Sa thèse de doctorat, consacrée à l'eugénisme social, révèle la raison qui dirige la trajectoire biopolitique des sociétés modernes, et en particulier du capitalisme de notre temps. La durabilité de la logique d'enfermement trouve dans le dispositif asilaire la métaphore politique du contrôle et de la soumission de la vie.
