Collection(s) : L'Extrême contemporain
Paru le 15/03/2013 | Broché 111 pages
«Tu vois : tu brûles, tu souffres, tu es dans l'effort inouï, tu vois cela comme une victoire, et moi je te montre la voie inverse. Je vais te dire pourquoi : c'est parce que je crois profondément qu'on ne sort pas comme ça de la vie de ceux qu'on aime, on ne peut pas disparaître ainsi totalement. Même les morts ne le peuvent pas. On pourrait le croire pourtant, on sait bien que c'est définitif, irrévocable ; mais les morts, tout juste brûlés ou enterrés, continuent de nous frôler - au début de très près, ils sont encore dans la maison, les bruits, les objets déplacés replacés. Puis plus tard, éloignés, ils ne cessent d'envoyer des signes et remontent de la terre dans notre sang. Alors toi, qui es vivant, vibrant puissamment, aimant, comment, pourquoi, au nom de quoi pourrais-tu, devrais-tu disparaître ? Envoyer un poème, c'est dire : je suis vivant, l'amour est vivant, tout est disparu, rien ne peut disparaître. Désolée pour ce retournement de pensée, mais tu connais l'exigence de dire.»
Née en 1968, Régine Foloppe vit à Montpellier, où elle enseigne. Elle a publié Qui parle de fééries (Friches, 1998), Jusqu'où le silence (Théétète, 2006), Réapparu regard (en collaboration avec le peintre Pascal Ravel, Méridianes, 2007). Son recueil Tributaires du vent (Le Castor astral, 2002) a été salué par le prix Max-Pol Fouchet.