Paru le 28/05/2020 | Broché 172 pages
« La poésie a pour devoir de faire du langage d'une nation quelques applications parfaites » disait Paul Valéry, dans le temps même où il rappelait que les civilisations sont mortelles - et où mourait la nôtre, dont il était parfaitement représentatif.
Sa vision était plus large encore, quasi visionnaire : « Je vois passer l'homme moderne avec une idée de lui-même et du monde qui n'est plus une idée déterminée. Il ne peut pas ne pas en porter plusieurs ; ne pourrait presque vivre sans cette multiplicité contradictoire de visions ; il lui est impossible d'être l'homme d'un seul point de vue, d'appartenir réellement à une seule langue, à une seule nation, à une seule confession, une seule physique, etc. »
L'époque à laquelle écrivait Montaigne était marquée par les ligues, les guerres de religions, la peste : son style même est une quête de vérité, aussi « ondoyante » que l'homme même. Celui de Valéry, incisif comme un oiseau qui fend l'azur tient le registre de l'intelligence qui survit aux civilisations...
Nous n'écrivons pas dans le regret : nous écrivons après. Nous écrivons pour une nation posthume qui se souviendra de nous en une autre langue qu'on appellera français faute de mieux.
La langue : la seule responsabilité politique que je me sente. Richard Millet