Collection(s) : Archives du féminisme
Paru le 23/01/2014 | Broché 352 pages
Public motivé
Genre et modernité au Japon
La revue Seitô et la femme nouvelle
La revue Seitô (traduction de l'anglais Bluestockings) parut de septembre 1911 à février 1916 : elle fut la première revue littéraire créée uniquement par les femmes, pour les femmes. Sous l'impulsion de Hiratsuka Raichô (1886-1971), puis d'Itô Noe (1893-1923), elle devint l'emblème des femmes nouvelles, rebelles à l'injonction de devenir de « bonnes épouses et mères avisées (ryôsai kenbo) ». Très vite, le mensuel et l'association furent désignés comme le nid des « Nora japonaises », et ses membres devinrent la cible des attaques contre les femmes nouvelles.
Le magazine fut le centre d'aventures intellectuelles et artistiques, de débats où se nouèrent de nouvelles relations amicales entre les femmes, amours homosexuelles et histoires tumultueuses de femmes qui fuguèrent de leur province pour trouver refuge dans l'association.
Parmi les milliers de pages de publication de cette revue littéraire, ce livre fait vivre ces temps de polémiques, qui nous saisissent tant par la fraîcheur de leur ton que par l'actualité de leurs propos. Le droit à l'amour libre, la contraception, l'avortement, la virginité, et la polémique autour de la prostitution font écho à nos propres interrogations.
Hiratsuka Raichô (1886-1971)
Hiratsuka Haru, de son prénom de naissance, est une féministe de la
première heure au Japon. Étudiante de la première université pour filles
du Japon, elle se convertit alors au bouddhisme zen de l'école Rinzai. Elle
impressionne par son intelligence, son indépendance d'esprit, et surtout
par sa volonté de mettre en conformité ses idées féministes avec sa vie
personnelle. Son engagement après 1945 fut essentiellement de nature
pacifiste, contre les essais nucléaires et contre la guerre au Vietnam.
Itô Noe (1895-1923)
Enthousiasmée par le « Manifeste » de Hiratsuka Raichô, elle lui
écrit de Fukuoka et la rejoint en 1912. En 1915, à l'âge de 20 ans,
elle lui succède comme éditrice de la revue Seitô. En 1923, elle fut
assassinée par la gendarmerie au lendemain du Grand tremblement
de terre de Kantô, avec son amant Ôsugi (1885-1923), célèbre
dirigeant anarchiste, et le neveu de celui-ci, âgé de 7 ans alors.