Paru le 01/05/1963 | Broché 154 pages
traduit de l'espagnol par Henri Sylvestre
Au centre du récit, une chanteuse noire de La Havane, joyeuse, brusque, obsédée, sans cesse au bord du vertige, et peut-être naturelle, tout simplement. Ses monologues torrentiels sont comme ses refrains : ongles, cheveux, aspirine et café.
Autour d'elle, ce qu'on pourrait appeler la figuration en gros plan de la ville : feux des carrefours dans le matin, soleil sur la mer, affiches délavées de pluie, jeux d'enfants dans les escaliers, va-et-vient de la rue, carnaval et loterie, tout cela réinventé par une vision passionnée du détail, des jeux de matière ou de forme, par la tension de l'oreille vers les superpositions de sons, par une recréation rythmique du mouvement et de l'agitation.
Présente à travers la ville, et plus proche d'instant en instant, la révolution, à quoi l'héroïne semble d'abord étrangère, où par la suite, avec son amant blanc, elle s'engage, et au triomphe de laquelle elle assiste solitairement. L'Histoire, saisie comme ponctuellement en différents points de son parcours, entraîne chacun à sa suite.
Enfin, l'unité d'une écriture qui n'atteint qu'à travers une ellipse l'événement, qui n'évoque que d'un mot les sentiments, qui se veut avant tout dessin et danse - et qui revendique justement pour soi la liberté de cette école de peintres auquel le titre fait allusion.
Severo Sarduy, né à Camagüey (Cuba) en 1937. Journaliste et écrivain. A publié notamment Écrit en dansant (roman, 1967), Cobra (roman, 1972, prix Médicis étranger), Barroco (essai, 1975), Maïtreya (roman, 1980) et Colibri (roman, 1986).