Collection(s) : Lumière classique
Paru le 22/02/2007 | Relié 560 pages
Public motivé
On connaît ou on croit bien connaître le Guez de Balzac « classique », le théoricien de l'urbanité, critique littéraire proche des milieux mondains parisiens des années 1640-1650. En revanche, sa première oeuvre, les Lettres, publiées en 1624, et les remous qu'elle a suscités sont restés peu explorés, obscurcis par l'enchevêtrement des conflits, dissous dans une série d'anecdotes sans réel intérêt. Qu'est-ce exactement que cet événement consacré par l'histoire littéraire sous le nom de « querelle des Lettres » ?
Usant d'une écriture raffinée et souvent équivoque, fourmillant d'allusions à l'actualité politique et mondaine, le recueil des Lettres est conçu pour éveiller la curiosité d'un public large et rencontre un vif succès. Aux applaudissements succède pourtant le scandale : Balzac est accusé de libertinage, condamné au nom d'une économie du discours où le culte du « bien dire » et la recherche de nouvelles formes sont preuves de déviance. Mais la querelle s'emballe et nourrit une dynamique d'écriture et de publication importante. Cette dynamique est l'objet de ce livre : elle donne l'occasion, rare pour les siècles anciens, de saisir un livre en le confrontant à l'effet qu'il a eu sur ses premiers lecteurs, aux interprétations, complexes et contradictoires, qu'il a suscitées. Au-delà de l'étude d'une oeuvre ou d'un auteur, la polémique donne un accès à certaines des opérations à l'oeuvre dans la perception des écrits, à une époque où se mettent en place, non sans conflit, les cadres symboliques et sociaux qui régleront, sur le long terme, le monde du livre en France.
Ancienne élève de l'École Normale Supérieure de Fontenay/Saint-Cloud, Mathilde Bombart est agrégée de Lettres modernes et docteur en Littérature et civilisation françaises de l'Université Paris III.