Collection(s) : Champs
Paru le 17/10/2009 | Broché 240 pages
Public motivé
Histoire politique du barbelé
On l'appelle « corde du diable », « écharde du souvenir » ou « frontière brûlante » : comment le fil de fer barbelé, outil agricole ingénieux, est-il devenu cet outil politique, symbole universel de l'oppression ?
En évoquant le rôle décisif du barbelé dans trois des plus grandes catastrophes de la modernité - la conquête de l'Ouest et le génocide des Indiens d'Amérique, la boucherie de 14-18 et les exterminations nazies -, mais aussi en dressant une cartographie de ses usages actuels (propriétés privées, prisons, frontières « chaudes » du globe), Olivier Razac analyse, dans la lignée de Foucault, la violence croissante à l'oeuvre dans la gestion politique des espaces et des populations. Il révèle ainsi un principe paradoxal : le succès persistant du barbelé vient précisément de ce qu'il ne tient qu'à un fil - de son austérité et de sa simplicité. La plus grande violence n'est pas forcément impressionnante, bien au contraire : les meilleurs outils d'exercice du pouvoir sont ceux qui dépensent le moins d'énergie possible pour produire le plus d'effets de domination.
Le barbelé, lui-même « mur virtualisé », a ainsi ouvert la voie à des dispositifs de contrôle de plus en plus immatériels, dont la vidéosurveillance et le bracelet électronique sont les derniers avatars...
Olivier Razac est philosophe, auteur de L'Écran et le zoo (Denoël, 2002), La Grande Santé (Climats, 2006) et Avec Foucault, après Foucault. Disséquer la société de contrôle (L'Harmattan, 2008). Son Histoire politique du barbelé, initialement parue à La Fabrique en 2000, a été revue et très largement augmentée pour cette édition.