Paru le 15/01/2020 | Broché 202 pages
Public motivé
Contrairement à la poésie ancienne (idumbio) où la femme pleurait, seule ou en groupe, la disparition tragique d'un proche, dans son intimité familiale, les thrènes d'inspiration islamique (marthiyya) sont l'oeuvre des hommes. Ceux-ci sont déclamés en public lors d'une manifestation spécialement masculine à la mémoire du défunt. Dans cette cérémonie au cours de laquelle le Coran est lu (souvent en entier), plusieurs discours peuvent être prononcés afin de rappeler aux vivants le caractère inéluctable de la mort et l'importance de bien s'y préparer. L'orateur insiste sur la belle oeuvre laissée par le défunt. C'est là que les thrènes peuvent être récités. Même si le poète s'adresse directement au mort, le message qu'il délivre demeure une leçon de vie pour l'assistance.
Ces hommages à travers la littérature islamique sont essentiellement organisés pour les personnalités religieuses et politiques ou, en cas d'une catastrophe majeure ayant affecté l'ensemble de la population ; comme ce fut le cas du thrène composé pour pleurer la disparition des 152 victimes de l'écrasement de la Yemenia Airways, survenu la nuit du 29 au 30 juin 2009.
Les textes à haute valeur historique analysés dans cet ouvrage tiennent à présenter la stature exceptionnelle des disparus et affirmer avec force que leurs morts ne sont aucunement comparables à aucune autre, en raison, notamment, du rôle qu'ils ont joué dans la Communauté.
Toibibou Ali Mohamed est docteur en histoire de l'Université Paris-Diderot (Paris VII) et diplômé en éducation de l'Université d'Ottawa (Canada). Il est l'auteur de La transmission de l'islam aux Comores 1933-2000 (L'Harmattan, 2008) et Culture intellectuelle et colonisation aux Comores 1895-1974 (L'Hannattan, 2016). Il enseigne actuellement au Québec.