Rayon Banques, Finance, monnaie
Immobilier hors sol : comment la finance s'empare de nos villes

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 190 pages
Poids : 268 g
Dimensions : 15cm X 24cm
ISBN : 979-10-97084-42-4
EAN : 9791097084424

Immobilier hors sol

comment la finance s'empare de nos villes


Collection(s) | Microcosmes
Paru le
Broché 190 pages

Les libraires en parlent

Il faut reconnaître que cette saison (année scolaire 2024-2025) j'ai plutôt lu de bons livres, mais celui de Marine Duros décroche la palme tant ce qu'elle nous révèle est une évidence qui devrait sauter aux yeux des acteur.e.s qui font (et surtout défont) la ville ainsi qu'à n'importe quel.les citoyennes et citoyens : oui la finance a pris le contrôle de nos espaces urbains (donc, une partie de nos vies), et ça rapporte beaucoup.
Voici un grand travail de recherche qui s'appuie non seulement sur des connaissances précises et complètes sur le sujet mais surtout sur des témoignages d'acteurs de premier plan, incarnant profondément dans le réel ce sujet et son propos. On s'approche presque du «fait social total», le fameux concept sociologique du grand anthropologue Marcel Mauss, tant elle réussit avec brio à révéler toutes ses dimensions: économiques, politiques, éducatives, professionnelles, sociales, symboliques, rhétoriques voire «religieuses» (car cela relève aussi de la croyance). Mais ce qui fait vraiment et surtout la force du livre c'est qu'au travers d'une narration très pédagogique, tel un fil d’Ariane, Marine Duros va dérouler tous le processus du « comment» et du «pourquoi» nous en sommes arrivés là, c'est à dire, par exemple: «En Île-de-France, fin 2019, alors que plus de 3,3 millions de mètres carrés étaient inoccupés et que la demande de bureaux était en baisse (-9% par rapport à 2018), presque 2,5 millions de mètres carrés supplémentaires étaient mis en chantier, un niveau jamais atteint dans la région.» et que «… en 2022, le nombre de mal-logés atteint les 4,2 millions et une personne sur six connaît une situation de fragilité par rapport au logement, c'est-à-dire fournit un effort financier excessif pour se loger ou vit dans des conditions précaires (précarité énergétique, surpeuplement modéré, loyers impayés, etc.)».
Disons-le tout de suite, il n'y a pas de complot. En reprenant la séquence qui démarre dès le début 1990, où, avec quand même quelques réticences au départ, les très grands propriétaires fonciers comme les banques ou les assurances, (c'était encore de la valeur refuge), ce sont doucement laissés pénétrer par cette évolution commencée au USA comme au Royaume Unis, qu'il était possible d'améliorer encore sa rente en associant leur patrimoine à des produits financiers. Mais ce qui est vraiment intéressant dans cet ouvrage c'est l'écosystème qui va se mettre ne place, regroupant des nouveaux acteurs, de nouveaux cabinets conseils, de nouvelles formations supérieures, (même l'université publique),l’apparition des ces fameux «think tank» appartenant au géants du secteur (Vinci et consorts) devenus maintenant hégémoniques sur la ville comme la fondation Palladio, ou la fabrique de la cité, l'arrivée des «big four» de l'immobilier, et je finis sur ce point passionnant, l'invention d'un storytelling et d'une rhétorique digne de la prophétie auto-réalisatrice positiviste où l'on gagnerait à tous les coups. Et le résultat au bout de 20 ans est implacable, ils ont pris la main. Et l'exemple final que prend Marine Duros en nous montrant la supercherie de ces acteurs qui ont réussi à faire croire aux élu.e.s qu'il pourrait y avoir une «réversibilité» en logement pour justifier cette surproduction de bureaux «dépourvu d'utilités sociale et écologiquement désastreux» en est presque une métaphore parfaite de ce «hors sol» si éloigné des besoins fondamentaux de plus de 80 % de la population des villes.
Au regard de tous ces éléments, je préfère lui laisser le mot de la fin dans lequel je m'associe totalement: «Il est essentiel de continuer à construire et entretenir ces contre-pouvoirs, pour ne pas laisser quelques fonds décider du sort de nos vies et de nos territoires ».
Pas mieux. Une lecture indispensable et ce livre est selon moi, déjà une référence.

Quatrième de couverture

Les bureaux vides ne sont que la face émergée d'un phénomène récent et largement méconnu au coeur de la crise du logement actuelle : la financiarisation de l'immobilier, caractérisée par l'accaparement de pans entiers de nos villes par des fonds d'investissement.

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