Collection(s) : Phéno
Paru le 16/03/2004 | Broché 159 pages
Public motivé
Philippe Cabestan, Georges Charbonneau, Jean-Marc Chavarot et al. | préface Jean Naudin
Les hallucinations sont des perceptions sans objet. Elles doivent être distinguées des illusions qui, elles, ont un objet, mal perçu. Les hallucinations peuvent survenir dans différents types de situation, pathologiques ou non.
Dans la normalité, il peut exister des phénomènes hallucinatoires ou proches des hallucinations, dans certains états de conscience particuliers comme dans la phase d'entrée dans le sommeil (hallucinations hypnagogiques) ou comme dans des expériences de stupeur émotionnelle. Les hallucinations peuvent provenir de lésions cérébrales ou d'épilepsie, ou de troubles neurologiques comme les démences ; elles peuvent être dues à des psychotropes (à buts thérapeutiques ou non thérapeutiques) ou à des états organiques particuliers. Elles peuvent être dues à des pathologies psychiatriques diverses, principalement la schizophrénie, la paranoïa et les épisodes maniaques et mélancoliques. On peut néanmoins les rencontrer dans d'autres pathologies, y compris dans des états aigus névrotiques.
La phénoménologie étudie la manifestation des choses. Depuis un siècle, elle tente d'établir, avec E. Husserl, puis M. Heidegger, M. Scheler, M. Merleau-Ponty, J.-P. Sartre, I. Patocka, P. Ricoeur et leurs élèves, comment se constitue la réalité à travers les mécanismes de l'apparition des objets de la conscience. Sur une telle question, la phénoménologie ne pouvait pas ne pas croiser la psychiatrie qui rencontre à l'examen clinique l'altération du principe de réalité et la constitution de néoréalité délirante. Plus encore, cette science de la manifestation des choses trouve son sens dans la question des hallucinations, où la perception s'invente des objets.
Comment caractériser l'Apparaître hallucinatoire ? À quel niveau de l'expérience humaine se situe le ratage hallucinatoire de la rencontre avec la réalité ? Les hallucinations sont-elles en continuité avec les illusions perceptives ou constituent-elles un phénomène strictement autonome ? Quel est le sens de leurs contenus ? Faut-il leur donner sens et les interpréter ? Constituent-elles des désirs refoulés ? Pourquoi alors ne parvient-on pas à halluciner ce qui nous manque ? Freud a-t-il proposé une théorie des hallucinations ? C'est à ces différentes questions que cet ouvrage entend répondre.
La question de la phénoménologie des hallucinations est un des chapitres les plus importants de la phénoménologie psychiatrique (L. Binswanger, E. Minkowski, E. Straus, E. Von Gebsattel, H. Tellenbach, Medar Boss ; A. Tatossian, etc.). Les auteurs, à partir des travaux du séminaire de Phénoménologie de Necker (dirigé par G. Charbonneau depuis onze ans et sous la direction des professeurs Q. Debray et B. Granger), poursuivent une recherche sur la nature de l'expérience hallucinatoire, dans la suite des grandes contributions de la psychiatrie à la phénoménologie et de la phénoménologie à la psychiatrie (H. Ey, G. Lantéri-Laura, A. Tatossian, J. Naudin).
