Collection(s) : Penser rêver
Paru le 04/03/2010 | Broché 85 pages
Public motivé
Une anthropologue enquête sur un épisode jusqu'ici ignoré de l'histoire de l'ONU, un virage qui s'effectue de 1998 à 2001 : une majorité d'États refusant désormais de reconnaître l'universalité des Droits de l'homme, l'organisation internationale se rabat sur leur justification implicite par les religions. L'«Alliance des civilisations» qui est proposée à l'époque pour enrayer ce qu'on a appelé le «clash des civilisations» se transforme en une «paix des religions». On assiste ainsi à une déraison du langage où «civilisation» signifie d'emblée «religion», où «religion» connote «suprêmement honorable» et où «critique de la religion» s'appelle «racisme», «intolérance», «haine» ou «islamophobie» : la langue ressuscitée du 1984 d'Orwell creuse l'ornière d'une prétendue «tolérance» nouvelle.
Dans la même perspective, l'anthropologue et psychanalyste Jeanne Favret-Saada, auteur célèbre de Les Mots, la Mort, les Sorts, a publié Le Christianisme et ses juifs, 1800-2000 (avec Josée Contreras, 2004), Comment produire une crise mondiale avec douze petits dessins (2007) et plusieurs articles dont, en 2009, «On y croit toujours plus qu'on ne croit. Sur le Manuel vaudou d'un Président», L'Homme ; «Un nain volant et sa dignité», penser/rêver.