Collection(s) : Eupalinos
Paru le 20/04/2017 | Broché 253 pages
Public motivé
préface de Jean-Pierre Frey
Lorsqu'on parle d'architecture en France, il semble qu'on affronte un inextricable imbroglio ; de quoi parle-t-on en effet ? Des plans produits à la suite de concours internationaux, des logements construits en France depuis 1945, des idées véhiculées sur le bonheur de vivre, des maisons sur catalogue ? Les professionnels monopolisent volontiers les discours sur le sujet qu'ils considèrent comme le domaine privilégié de leurs compétences. Pourtant, chacun peut parler d'architecture en vertu du rapport qu'il entretient avec l'ensemble de la société et avec un espace désormais résolument urbanisé, considéré comme un bien commun. Cette discipline ne saurait se limiter à une collection d'édifices léguée par l'histoire moderne, à de beaux projets dessinés avec virtuosité, au génie créatif de quelques-uns ou au produit normatif de processus bridés par les commanditaires et autres promoteurs.
Léonard de Vinci, Palladio, Le Corbusier, Zevi ou Tafuri : si de grands noms sont convoqués dans l'approche proposée, c'est par la sociologie, l'ethnologie, la philosophie et l'histoire de l'art que l'une des rares conceptualisations de l'architecture est proposée (avec des acteurs comme Bourdieu, Barthes, Lévi-Strauss, Kant, Hegel ou Marx) dans ce qu'il convient d'appeler ici une histoire architecturale de la société.
Henri Raymond [1921-2016], disciple de Henri Lefebvre, a développé une sociologie de l'architecture fondée sur la parole des usagers et la critique de la technostructure étatique. Ses réflexions, imprégnées de philosophie et de poésie, portèrent sur des objets aussi divers que l'espace domestique, les équipements urbains ou les loisirs et invitèrent à considérer que l'habitat pavillonnaire et la vie quotidienne de l'habitat ordinaire recélaient le sens profond de l'architecture. Son influence fut considérable par le regard original qu'il a permis de porter sur l'histoire urbaine, la modernité et l'urbanisation du XXe siècle et par sa contribution à la formation des architectes.