Paru le 01/11/2000 | Broché 472 pages
Professionnels
Le passage du consommationnisme des "trente glorieuses" (les années soixante), au misérabilisme des "trente calamiteuses" (les années quatre-vingt-dix), a été vanté comme triomphe de la productivité économique, puis déploré comme déliquescence de l'existence sociale.
Or, le discours dominant, imprégné d'idéologie éthique ou volontariste, experte dans l'art de produire et de gérer une opinion dite publique "raisonnable", n'a jamais franchi le fossé qui sépare l'univers de la rhétorique libérale - confiante dans les vertus économiques du marché, - et celui de la pratique sociale effective administrée et contrôlée, via l'ordre politique, par l'impératif du profit. Cette logique utilise, stimule et accélère le progrès techno-scientifique mais, "en même temps", agresse, appauvrit et dégrade le social en éliminant son support vital ; le travail humain, VII que technologie, informatique, robotique, etc. s'avèrent plus performantes, donc plus rentables.
Les problèmes sociaux (santé, transports, éducation, loisir, culture...) renvoient donc aux rapports coût avantage économiques, ce qui privilégie la "culture d'entreprise" comme référence et critère de jugement et de réflexion, succédant à la culture dite générale, ou universitaire. Mais la culture d'entreprise ne vise pas seulement un but économique (c'est-à-dire la "flexibilité" du travailleur forme de sur-exploitation du travail), elle vise en outre un but politique (c'est-à-dire une "implication sociale", comme consentement "négocié" à la logique capitaliste de production, dépassement de la lutte de classes).
L'ignorance, la pauvreté, la résignation empéchent la connaissance, voire la conscience des causes de la contradiction entre l'économique et le social ? Sans doute. Il faut donc approfondit.
C'est-à-dire assumer le caractère théorique et méthodologique de notre question à quelles conditions doit satisfaire une analyse économique pour valoir scientifiquement ? Il est clair pour nous que la connaissance des "causes" du conflit écono social, est idéologiquement proscrite, et techniquement impossible aussi longtemps que l'économie (politique !) se limitera à la technique (économétrique) apprise en faculté, et que la sociologie ne s'appliquera que comme socio-graphie humaniste.
Destiné à l'étudiant, à l'ingénieur, à tout lecteur qui se sait acteur, ce livre s'efforce d'expliquer "pourquoi" le conflit de l'économique et du social s'aggrave et se généralise, et "comment", sans doute dans le long terme, il peut être résolu.
Osiris Cecconi est licencié en droit, agrégé de l'Université, docteur ès lettres, ancien directeur d'UER, et Président de Commissions de spécialistes, il est actuellement professeur émérite de l'Université Lyon II.
