Collection(s) : L'esprit des lieux
Paru le 14/02/2001 | Relié 149 pages
Tout public
photographies Jan Decreton | avec la collaboration de Commission internationale pour la Protection de l'Escaut (CIPE)
Il est des fleuves tumultueux, ombrageux, fougueux, fougueux. Ils tracent leur parcours comme un peintre de l'abstraction gestuelle, avec une graphie brutale qui zèbre le sol de leur lit, qui incise le paysage à la manière dont un graveur se sert de ses gouges. L'Escaut n'est pas de ceux-là. Il serait plutôt du genre lent fleuve tranquille. Du moins le laisse-t-il croire jusqu'au moment où il commence à s'affronter aux marées, bien avant de s'éjaculer dans la grande jouissance aqueuse de son embouchure, car, peut-être, convient-il de ne pas négliger le fait que son nom néerlandais "de Schelde" suggère qu'il n'est pas sans parenté avec le verbe "schelden" dont le sens est : tempêter, râler... Sinon son humeur est égale sur la presque totalité de son parcours de 350 kilomètres.
L'Escaut demeure par excellence le fleuve qui s'est toujours moqué des frontières, qu'elles fussent historiques, administratives, linguistiques. Il se pointe en France du Nord, il musarde un moment en Wallonie, il prend son essor en Flandre et va s'oublier dans la mer du côté de la Hollande.