Paru le 12/01/2009 | Broché 310 pages
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Nihilisme, sorte de signifiant flottant, a une histoire mal connue dont ce livre restitue les méandres. Elle commence pendant la Révolution française, et son premier locuteur est Anacharsis Cloots, député allemand à la Convention, qui finira guillotiné après avoir déclaré que «la république des droits de l'homme n'est ni théiste ni athée : elle est nihiliste».
Elle se poursuit autour de 1800, avec la querelle entre Fichte et l'étrange Jacobi, qui choisit le vocable «nihilisme» pour confondre l'athéisme et pour dénoncer Kant, à travers Fichte et ses amis. On retrouvera plus tard le nihilisme dans le milieu cosmopolite des révolutionnaires russes : chez Bakounine, puis chez Dostoïevski, qui invente par le roman la scène métaphysique de la tragédie du nihilisme. Étape ultime et décisive du nihilisme au XIXe siècle : Nietzsche, qui va «séparer les fils, dénouer les affinités truquées, analyser la composition de l'explosif pour dissocier différentes formes du nihilisme».
Après ce parcours tracé par Michèle Cohen-Halimi, la deuxième partie du livre, due à Jean-Pierre Faye, est consacrée à l'utilisation du nihilisme par Heidegger.
Méthodiquement, Faye démonte les contradictions, les références fautives à Nietzsche, les «mises en faux» qui servent à Heidegger à sa propre justification et à celle d'un nihilisme d'État.
Un parcours inattendu sur une ligne brisée à travers l'Europe, l'éclaircissement d'un mot à la fois fascinant et maléfique.
Michèle Cohen-Halimi est philosophe, maître de conférences à l'université de Paris X-Nanterre. Elle a écrit : Entendre raison, Vrin, 2005 ; Seul le renversement, éditions de l'Attente, 2006. Elle a aussi traduit de nombreux textes de langue allemande (Kant, Kleist, Nietzsche, Warburg ...).
Jean-Pierre Faye est l'une des grandes figures de la philosophie française d'aujourd'hui. Derniers ouvrages parus : Nietzsche et Salomé, la philosophie dangereuse (2000) et La Philosophie désormais (2004).