L'histoire végétalisée : ornement et politique à Rome

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 248 pages
Poids : 705 g
Dimensions : 18cm X 24cm
Date de parution :
EAN : 9782708405943

L'histoire végétalisée

ornement et politique à Rome

de

chez Picard

Collection(s) : Antiqua

Paru le | Broché 248 pages

Public motivé

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Quatrième de couverture

L'art ornemental est devenu à notre regard contemporain synonyme de marginalité et d'insignifiance. Or il suffit de déplacer notre point de vue vers d'autres cultures éloignées de nous par le temps ou par l'espace pour modifier radicalement ce jugement. Il est question ici d'un moment crucial de notre propre passé, celui qui vit la mainmise du pouvoir d'Auguste sur l'Empire romain (44 avant J.-C. - 14 après J.-C.), accompagnée d'un renouvellement complet de l'art ornemental dont les effets se font sentir jusqu'à nous. Un des monuments les mieux conservés de la Rome antique a joué un rôle décisif dans cette révolution des formes et sert de référence tout au long de l'ouvrage : l'autel de la Paix Auguste (ara Pacis Augustae). L'extraordinaire composition végétale qui orne les quatre côtés de l'enceinte en marbre de ce monument comporte deux messages. Le premier est crypté et renferme un contenu dynastique : c'est tout le destin de la famille impériale qui est ainsi végétalisé, et on rencontre au détour des volutes d'acanthe aussi bien les navires en déroute de la flotte de Cléopâtre et Marc Antoine au cours de la bataille d'Actium (31 avant J.-C.) qui scella la victoire définitive de l'Occident romain sur l'Orient hellénisé, que l'évocation du double suicide par lequel, l'année suivante, les deux amants d'Alexandrie quittèrent la scène de l'histoire.

Le second message des rinceaux de l'autel de la Paix Auguste est de nature esthétique. Car ce décor constitue un véritable manifeste pour un art ornemental classique, contemporain de l'Art poétique d'Horace et inspiré par lui. Il s'agissait d'abord d'en finir avec la dérive de l'ornement à l'époque des guerres civiles qui déchirèrent Rome pendant un siècle : ce n'était au cours de ces années terribles qu'évocations extravagantes du chaos, par lesquelles les meilleurs artistes du temps donnaient forme aux rêveries ressuscitées de physiciens pythagoriciens qui, comme Empédocle, avaient imaginé plusieurs siècles auparavant les convulsions des origines du monde, et ces visions fantastiques nourrissaient alors l'espoir des hommes en un renouvellement du monde. Pour satisfaire les mêmes aspirations mais au service d'un pouvoir soucieux de stabilité et de hiérarchie, Auguste imagina un art ornemental fondé sur la conception fixiste de la physique épicurienne et renvoyant l'image d'un cosmos organisé et fécond. Il y fut aidé par le génie poétique de Virgile, dont un seul vers des Eglogues est à l'origine de la plus radicale et de la plus durable entreprise de renouvellement des formes de l'histoire.

Biographie

Gilles Sauron, ancien élève de l'Ecole normale supérieure, ancien membre de l'Ecole française de Rome, a soutenu en 1993 une thèse de doctorat d'Etat, publiée sous le titre Quis deum ? L'expression plastique des idéologies politiques et religieuses à Rome à la fin de la République et au début du Principat (BEFAR 285), Rome, Palais Farnèse, 1994. Il est l'auteur d'un ouvrage intitulé La grande fresque de la villa des Mystères à Pompéi. Mémoires d'une dévote de Dionysos, paru aux éditions Picard en 1998 dans la collection Antiqua. Il est actuellement professeur d'archéologie à l'Université de Bourgogne, et donne depuis 1983 un cours d'introduction à l'étude de l'art romain à l'Ecole normale supérieure. Auteur de nombreuses études sur l'art romain, il fonde ses analyses sur une confrontation entre les sources textuelles, la tradition iconographique et les ensembles monumentaux légués par l'Antiquité, et s'intéresse particulièrement à la sémantique architecturale, au symbolisme ornemental et aux rapports de formes et de significations entre les décors publics et les décors privés des Romains.