Collection(s) : Collection de littérature
Paru le 20/08/2009 | Broché 278 pages
traduit du suédois par Jeanne Gauffin | postface Karl Ostergren
Il s'ensuivit sur l'île un moment de confuse espérance. Une fois encore, chacun découvrait en tremblant qu'il vivait, le froid mortel de la nuit avait enfin cédé, une douce chaleur pénétrait leurs membres à tous ; soudain quelqu'un crut entendre un oiseau chanter, alors ils se levèrent timidement en silence et se regardèrent désemparés, c'était un peu comme plonger dans une eau inconnue - mais rien encore ne se produisit.
Le feu brûlait sur le rivage, les branches humides qu'ils arrachaient et jetaient par-dessus la falaise donnaient une fumée tranquille qui montait toujours droite et leur picotait les yeux, elles chauffaient très mal, mais maintenant ils n'avaient plus rien ni à cuire ni à rôtir. Ils entretenaient le feu comme un symbole d'espoir qui montait vers le ciel et que rien ne pouvait arrêter.
Écrit par un homme de vingt-trois ans qui regarde l'Europe entrer dans la guerre froide en rêvant d'une humanité solidaire, ce roman exprime le drame d'un monde où la fraternité n'est plus capable de renaître dans le coeur des hommes. Ce roman fouille les angoisses de personnages aux prises avec les rôles sociaux des sociétés modernes.
Stig Dagerman (1913-1954) fut salué dès son premier roman, Le Serpent, comme l'un des espoirs majeurs de la littérature suédoise. Son oeuvre mêle écrits littéraires et journalistiques, parmi lesquels le recueil La Dictature du chagrin, les romans L'Enfant brûlé et Ennuis de noces ; les nouvelles Tuer un enfant et le récit Automne allemand.