Collection(s) : Andalousies
Paru le 20/10/2022 | Broché 68 pages
traduit du castillan par Ramón Romero Naval
« Il lui fit cadeau, avec cette assurance que donne l'offrande entendue, d'un scarabée verdâtre et iridescent. Ensuite, nus tous les deux, ils jouèrent avec lui, s'abandonnant avec la même curiosité à leurs corps et aux mouvements gauches de l'animal.
Ils aimaient à le voir grimper amoureusement le long de leurs lignes, de leurs formes. Ce dernier le faisait négligemment, avec lenteur, caressant. Il laissait même de petites égratignures pouvant fort bien être interprétées comme les lueurs des étoiles dans la nuit, ou comme les lignes de la main aux aurores.
Parfois un cheval affranchi de rênes et de liens les accompagnait, et c'était un plaisir de voir la bête apparier à la leur sa liberté. À ces moments, le scarabée relevait de l'indispensable. »
Rafael Pérez Estrada fut d'abord un peintre. Ce n'est que sur le tard qu'il vint à la littérature. Parmi ses oeuvres majeures, qui relèvent aussi bien de la poésie, de la prose ou du théâtre, on trouve Valle de los Galanes (1968), La bañera (1970), Conspiraciones y conjuras (1987), La Extranjera (2000), ainsi qu'un roman posthume, Doctor Harpo (2002).
Avec L'Ombre de l'Obélisque, l'auteur s'inscrit dans la lignée de Baltazar Gradan et excelle dans le genre du bref. Aussi faut-il lire ces textes comme d'authentiques et courts romans que n'auraient désavoués ni un Jorge Luis Borges, ni un André Pieyre de Mandiargues : du premier on retrouve la puissance imaginative, du second l'inquiétante sensualité propre aux toiles de Chirico.