Collection(s) : Objet
Paru le 01/03/2012 | Broché 140 pages
Public motivé
L'Ombre pour la proie
Petites apocalypses de la vie quotidienne
L'homme sans ombre est un moi sans Autre, monade solipsiste. Inquiétante étrangeté de ce moi inaltéré, égal à lui-même, sans différence. Cette vie sans ombre, exposée à la lumière du jour, ce Même sans Autre, ne serait qu'expérience mutilée, umbra vitae, ombre de la vie. L'étrange histoire de Peter Schlemihl, fable morale et métaphysique, plane sur les pages de ce livre comme une allégorie de l'histoire de la pensée française après la guerre froide.
Procédant par micrologies, L'Ombre pour la proie suggère, en s'étayant d'un vaste corpus de textes polémiques, philosophiques et littéraires contemporains, que l'homme postmoderne, nouveau Peter Schlemihl, aurait ainsi aliéné son ombre (l'Autre, la Loi, le Symbolique) à la jouissance immédiate et sans entraves qu'offre une société hyperindividualiste et festive.
« Je sais que l'ombre n'existe plus dans notre monde, c'est un accessoire démodé de romans gothiques », écrivait le romancier Pierre Jourde. Peut-être l'écrivain survit-il littérairement dans un univers post-littéraire, dernier témoin d'une civilisation crépusculaire
Bruno Chaouat
est professeur associé de français à l'Université du Minnesota. Il a publié un livre sur Chateaubriand, l'écriture autobiographique et la mort (Je meurs par morceaux. Chateaubriand, Presses Universitaires du Septentrion, 1999). Il travaille actuellement sur deux livres, l'un consacré à l'écriture du mal en France en 1947 et l'autre à une histoire de la mémoire de la Shoah dans la littérature et la pensée françaises, intitulée Le Vif saisit le mort : les testaments trahis de la Shoah.