Paru le 01/02/1999 | Broché 176 pages
"L'Oreille et la Cuisse" a pour projet d'établir le lieu social de l'élaboration de l'écriture hiéroglyphique, d'y suivre ses auteurs des derniers artefacts façonnés aux premiers signes gravés, et d'identifier la langue dans laquelle ils l'ont mise au point, ou du moins l'univers linguistique qui rend compte de sa naissance.
Le premier essai recherche les inventeurs de l'écriture hiéroglyphique du côté des équipes d'artisans réunis par les pouvoirs palatiaux prédynastiques, et identifie les modèles (objets naturels ou artefactuels) des plus anciens idéogrammes. La solution de la technologie importée, trop souvent postulée mais non démontrée, pour rendre compte de l'apparition "subite" de l'écriture hiéroglyphique laisse place à la description généalogique d'une solution autochtone.
Le second travail essaie de définir les univers linguistiques qui ont pu fournir à l'égyptien ancien les mots de ses signes à partir de leurs patrimoines d'homophones. Il apparaît que couchitique et omotique, mais aussi nilo-saharien et niger-kordofanien fournissent avec le plus de régularité des solutions pertinentes.
La dernière recherche continue le projet du Colloque organisé par l'Université de Barcelone en mars 1996, et s'inscrit dans un programme de collaboration avec les chercheurs de l'Université de Yaounde. Elle met en évidence l'africanité profonde des sacrifices funéraires égyptiens, dans leur projet et leur organisation, comme dans leur vocabulaire, et souligne l'importance des savanes pré-historiques du Sahara oriental et nubien dans leur origine.
Président de la Société d'Anthropologie (Martinique) éditrice de la revue Tyanaba et des Cahiers Caribéens d'Egyptologie, Alain Anselin enseigne l'égyptien ancien en licence et maîtrise des sciences du langage à l'Université des Antilles-Guyane.