Collection(s) : Carnets de l'Herne
Paru le 02/04/2014 | Broché 103 pages
La bague d'Annibal
Oui ! Elle s'était offerte... pour se refuser peut-être ; mais elle s'était offerte (car il y a certains manèges qui ont la signification de la parole), comme toutes ces coquettes jusqu'au buste qui aiment à faire éprouver le supplice de Tantale aux pauvres diables qui ont l'aberration de les aimer. - Elle resta immobile, quand il fut parti, ses yeux fixés sur la porte, pendant qu'une larme - plus froide que du poison - lui coula sur la joue encore animée : larme de dépit, de vanité, de courroux, qui sécha avant d'arriver à la bouche. Hélas ! Si la bouche l'avait bue, elle l'aurait trouvée si amère que Joséphine peut-être eût été guérie de la douleur honteuse qui la faisait couler. Ne dit-on pas que l'on guérit de la morsure du scorpion en l'écrasant sur la blessure ?
Jules Barbey d'Aurevilly (1808-1889)
Figure majeure de la vie littéraire française de la seconde moitié du XIXe siècle, surnommé « Le Connétable des lettres », il est l'esprit même du Paris fin-de-siècle. À la fois catholique fervent et dandy menant une vie élégante, romancier, nouvelliste, essayiste et critique littéraire, il est particulièrement connu pour son recueil de nouvelles Les Diaboliques. Son oeuvre mêle les influences du fantastique et du symbolisme décadent.