Collection(s) : La cosmopolite
Paru le 13/02/2008 | Broché 252 pages
traduit de l'anglais par Agnès Desarthe
Capter l'insaisissable, le flux du temps, telle est la préoccupation majeure de Virginia Woolf à travers son oeuvre. Dans ce troisième roman, publié en 1922, elle entend faire le portrait de Jacob, jeune britannique de petite noblesse, mort très jeune au champ de bataille de la Première Guerre mondiale. Plutôt que de tenter de trouver la voix de Jacob, l'écrivain s'approche de ceux qui l'ont connu de près ou de loin, persuadée que c'est en accordant leurs visions qu'elle effleurera la complexité de ce personnage. La mère, devenue veuve très tôt, les femmes aimées, trahies, les camarades de Cambridge, qui se livrent en même temps qu'ils l'évoquent. Leurs voix se heurtent, s'interrompent, s'unissent parfois, à l'image du choc brutal que représentent la rencontre entre les êtres et leurs tentatives pour se comprendre.
La grande force de ce récit réside dans la justesse avec laquelle Virginia Woolf rend compte des sentiments, de leur inconstance, et du flot capricieux de la mémoire. Replaçant l'intimité de chacun dans un cadre plus large, naturel ou urbain, elle donne ainsi à entendre la musique des âmes, sur fond de vacarme du monde.
Virginia Woolf (1882-1941) est un écrivain qui occupe une place centrale au sein du mouvement moderniste du début du XXe siècle. Peintre de l'instant, l'auteur des Vagues a su révéler la beauté des choses les plus ordinaires, et aura cultivé le paradoxe dans ses livres comme dans son existence : éditrice avant-gardiste, elle refuse pourtant de publier l'Ulysse de Joyce ; au centre de l'activité intellectuelle londonienne et grande amoureuse de la vie, elle n'en choisit pas moins de mettre fin à ses jours...