Collection(s) : Dictionnaires et langues
Paru le 01/11/2006 | Broché 157 pages
Public motivé
L'idée même de communiquer en langues africaines avec le paysan africain paraît incongrue, sauf quand il s'agit de lui donner des consignes à exécuter. C'est justement là que gît le problème. En effet, en s'abstenant d'écouter le paysan, car c'est bien ce qui se passe souvent, en réalité, on se prive de toute la connaissance qu'il a pu acquérir dans son domaine d'activité.
Lorsque, au contraire, on l'écoute parler dans sa langue, on est obligatoirement amené à recentrer les propos qu'on lui tient, et l'on doit aussi faire l'effort de mettre au point un langage technique mutuellement compréhensible. C'est pour aider à répondre à cet objectif que nous avons conçu cet ouvrage, comme un exemple de ce que l'on peut faire et de la façon dont on peut y parvenir.
Nous ne prétendrons pas qu'il suffise de communiquer avec un paysan dans sa langue pour que la difficulté du transfert de l'innovation technique soit résolue, mais nous affirmons que, tant que l'on ne lui parlera pas dans sa langue, après l'avoir écouté, le paysan ne pourra pas s'approprier l'innovation proposée.
Henry Tourneux, linguiste au CNRS, est membre de l'UMR 8135, Langage, langues et cultures d'Afrique noire (CNRS-INALCO) et de l'IRD (Acteurs et systèmes de santé en Afrique). Depuis une quinzaine d'années, parallèlement à son travail sur les langues tchadiques, il a eu l'occasion de travailler à des projets concernant les paysans en Afrique, notamment le projet Gestion de la résistance aux insecticides chez les ravageurs du cotonnier en Afrique de l'Ouest (GeRICo).