Serie : La corporation critique
Collection(s) : Mouvement des savoirs
Paru le 05/01/2016 | Broché 236 pages
Public motivé
préface de Jacques Birouste
La voie de la sociologie clinique, en exploitant ici des enquêtes de proximité et des éléments biographiques finement analysés, met à jour les composants et la dynamique de situations «socio-crisiques» provoquées par des regards sur des malades et des handicapés. Regards reçus d'autrui ou regards portés sur soi-même, tous transforment le rapport aux identités, changent les référentiels symboliques, obligent à recomposer les liens au monde. Une crise de la corporéité surgit, parfois même en dehors de tout bouleversement somatique, sous l'empire d'un éprouvant doute de soi : qui se sent hors norme hétérosexuelle ne sait plus ce qu'il doit dire, ni faire et court un risque de décrochage social. Ces expériences de la marginalité condamneraient-elles inexorablement à se réfugier dans une intimité méprisable ? Ou bien la mobilisation sportive aide-t-elle à se dégager de la honte et à s'affirmer dans une fierté collective ? La pratique sportive, une voie de sortie de crise ?
Mais alors, un tel système à visée de production normalisante et d'efficacité d'insertion mérite d'être étudié dans sa dimension sociologique : quels sont les effets de la prolifération des dispositifs de prise en charge sanitaire et sociale qui utilisent l'activité physique ? À partir d'une telle lecture socio-somatique, s'éclaire mieux l'impact de l'évolution des modes de gouvernement et de gestion physique des marges (depuis les années 1960), non seulement sur les expressions des crises de la corporéité, mais aussi sur leur conversion en projets critiques.
Sylvain Ferez est directeur de l'équipe «Santé, éducation, situations de handicap» (EA 4614, Université de Montpellier). Auteur de Mensonge et vérité des corps en mouvement (2005), du Corps déstabilisé (2007) et du Corps homosexuel en-jeu (2008), il a récemment codirigé Corps et VIH (2012), Corps, sport, handicaps (vol. 1, 2013) et Le Corps de la honte (2015).