Paru le 01/03/2006 | Broché 166 pages
De la haute Corrèze où elle a grandi dans les années 50, dans une famille de paysans presque aisés, au Paris « bobo » d'aujourd'hui où l'on fait accéder des études bien menées et la promotion professionnelle, le parcours d'Hélène pourrait être celui de nombre de femmes dont la vie a épousé les espoirs et les avancées des Trente Glorieuses, puis les désillusions de l'époque contemporaine : premières amours évanouies et toujours nostalgiques, sacrifice volontaire d'une vie sur l'autel de l'ascension sociale, déceptions conjugales. Francois Cognéras réussit avec brio le portrait intérieur d'une femme qui, aux prises avec les échecs et les contre-échecs, les bonheurs et les malheurs d'une existence, fait face mais se sent parfois aux limites de la révolte. Une femme dans ce qu'elle a de plus humain et universelle parce que réellement singulière.
Avec cette vérité certes sobre et sans débauche complaisante de détails qui fait l'attrait de ses romans, l'auteur, ni féministe ni rétrograde, nous parle de nous, de la société, avec un tendre désespoir où perce l'humanisme déçu.
A travers les évocations de tel ou tel moment de la vie d'Hélène, c'est à un passé récent que nous sommes ramenés. La nostalgie d'un monde rural disparu d'ailleurs largement mythique, la culture contemporaine de l'apparence et de l'artificiel, les violences dites « urbaines » ou les difficultés des relations intergénérationnelles, autant de thèmes ou de problèmes qui ne sont que le reflet de réalités humaines permanentes, mais que chaque époque veut oublier pour se croire unique et différente.
Un livre d'ombres, en somme, dans lesquelles le lecteur attentif saura trouver la lumière.
Ancien professeur de lettres, François Cognéras est à la fois Auvergnat et Limousin par ses racines.
Eloigné des représentations qui embellissent le monde rural et le passé ou, à l'opposé, les noircissent sous prétexte de réalisme, il est mû par la seule recherche de la vérité, tant historique que psychologique.