Collection(s) : Bibliothèque du féminisme
Paru le 22/11/2007 | Broché 140 pages
Public motivé
traduit de l'italien par Oristelle Bonis
La grande majorité des spécialistes de son oeuvre présentent Bodin comme le penseur, dans les Six Livres de la République (1576), de la forme de gouvernement monarchique la plus parfaite pour un État moderne. Pour sa part, Ginevra Conti Odorisio s'attache plutôt à étudier le parallèle entre famille et État au fondement de La République, afin de mettre en évidence la construction idéologique de la théorie de Bodin.
En particulier, l'État moderne de Bodin se doit d'exclure les femmes de la sphère politique et de les confiner à l'espace domestique, en raison d'une soumission au mari ou au père dictée par un ordre naturel confirmé de tout temps par les lois divines et humaines. D'où, par exemple, l'insertion dans les lois fondamentales du royaume de la loi salique, pourtant très contestée par plusieurs contemporains de Bodin et à une époque, de surcroît, où Catherine de Médicis, Jeanne d'Albret ou Elizabeth d'Angleterre exerçaient de fait le pouvoir.
De même, l'image du Bodin tolérant et rationnel, si bien accréditée par l'historiographie, est peu conciliable avec le dogmatisme inquisitorial dont il fait preuve à l'égard de la sorcellerie dans De la démonomanie des sorciers. L'analyse de Ginevra Conti Odorisio montre combien cette réputation est en contradiction avec la misogynie de l'auteur, comme avec la propension à l'occultisme et le ton prophétique déployés dans le second traité et déjà perceptibles dans La République.
Ginevra Conti Odorisio est professeur d'histoire des idées politiques à l'Université de Rome III. Ses travaux portent sur la question de l'accès des femmes aux droits politiques, civils et sociaux dans la pensée politique de plusieurs auteurs du XVIe au XVIIIe siècle. Son dernier livre, Due diverse letture della democrazia americana (Rubbettino, 2003), est consacré à Harriet Martineau et Tocqueville.