Collection(s) : Mémoire d'homme
Paru le 14/05/2018 | Broché 55 pages
Tout public
repères historiques par Jacques-Guy Petit | cartes d'Anne Le Fur
« Vers minuit, le 7 juillet, tout le monde dort. [...] Je sors en évitant le bruit. Il est une heure du matin. Dans les jours précédents j'avais examiné les possibilités de sortir du camp. À l'entrée, près de la route, le poste de garde ; aux trois autres angles, des miradors avec projecteurs et mitrailleuses. Je pensais passer par les grillages et clôtures barbelées du côté de la forêt de Haye, distante de quelques centaines de mètres.
Je me dirige de ce côté ; [...] je marche sur mes chaussettes, cent cinquante mètres environ, et j'entends des pas : une patrouille, que je n'avais pas prévue, avec torche électrique et chien policier. Je me faufile sous une cuisine ambulante, valise et souliers près de moi, et je fais le dormeur. Le chien vient me sentir et s'en va sans rien dire. Les soldats passent, ils n'ont rien vu... mais j'ai quand même eu chaud ! »
La « grande évasion » d'un soldat français
Rien ne prédisposait Lucien Laurendeau à vivre une telle aventure. Fait prisonnier avec des dizaines de milliers de soldats dans l'est de la France en juin 1940, il choisit de s'évader du camp de Champ-le-Boeuf, près de Nancy. Avec le soutien de nombreuses personnes rencontrées au hasard des routes et en compagnie d'un camarade, Raguin, Lucien va traverser la France d'est en ouest, à pied puis à vélo, pour rejoindre Angers, sa ville. Sorte de road-movie de la Débâcle, son récit constitue un rare témoignage sur une époque troublée de l'histoire.
Lucien Laurendeau (1908-1988) mena une vie d'honnête homme entre son métier de menuisier, puis d'enseignant, et sa famille. Le récit de cet épisode d'évasion fut retrouvé par ses enfants dans les papiers de famille.