Paru le 07/10/2008 | Broché 295 pages
traduit par Batia Baum | postface Carole Ksiazenicer-Matheron
Tout homme enfourchant un cheval de bataille peut tomber sur une haridelle qui le désarçonne. Le jeune Isrolik, épris des idéaux des Lumières, souhaite devenir médecin et s'affranchir de la vie des Juifs traditionnels dans la Russie du XIXe siècle. Il étudie à s'en rendre malade pour vaincre l'obstacle du numerus clausus quand il rencontre une jument éreintée qu'il tente de protéger de ses persécuteurs. Commence alors un dialogue où elle envoie voltiger l'idéaliste et quelques-unes de ses idées reçues. Asmodée, prince des démons et grand contestataire, l'attrape à point sur son tapis volant et achèvera de lui montrer le monde tel qu'il est.
Dans ce récit fantastique et réaliste écrit en 1873, Mendele Moykher-Sforim pose un regard iconoclaste sur la société juive, ses rapports avec le monde non juif, et le destin d'un peuple. Il apparaît ici comme l'un des principaux novateurs du roman humoristique européen.
Sous le pseudonyme de Mendele Moykher-Sforim (Mendele le colporteur de livres), Sholem-Yankev Abramovitsh s'est affirmé comme un maître de la littérature yiddish. Né à Kapulye (Biélorussie) en 1836 dans une famille juive aisée, il reçoit une éducation traditionnelle. A dix-sept ans, il part sur les routes en compagnie d'un personnage louche et découvre l'errance et les bas-fonds. Ce voyage picaresque marquera son oeuvre. Il publie d'abord en hébreu, comme la plupart des lettrés juifs de son temps. Mais son désir de toucher le peuple, qui ne parle que le yiddish, le conduit à écrire les premiers grands romans yiddish modernes. Remarquable styliste, virtuose du récit, il ouvre la voie à toute une génération d'écrivains. Ses peintures au vitriol de la vie dans la zone de résidence assignée aux Juifs par le pouvoir tsariste lui vaudront de grandes difficultés. Il laisse une oeuvre immense lorsqu'il s'éteint à Odessa en décembre 1917.