Collection(s) : Littérature , Cambourakis poche
Paru le 01/03/2023 | Broché 106 pages
Sophia Evezard
(Le comptoir des lettres)
"Jour après jour après jour
Vient l'usure la rage au coeur
Enfle et puis décroît
et puis c'est dimanche" (p.50)
Les poèmes de l'italienne Nella Nobili se lisent comme le parcours d'une enfant qui entre à l'usine par obligation, sans le vouloir. C'est l'enfance d'une ouvrière, d'une jeune fille avec des rêves et des désirs, qui survit dans le monde hostile du travail.
La jeune fille à l'usine
Lorsque Nella Nobili entre pour la première fois à l'usine, elle n'a que quatorze ans. La chaleur des machines, le travail à la chaîne et l'éternelle répétition des gestes tordent les corps et écrasent les âmes. Des années plus tard, Nella se souvient : de la sueur et du sang, des accidents mortels et des corps douloureux. Mais la douce musique que composent peu à peu ses mots fait aussi remonter à la surface les chants et les visages chéris de ses soeurs d'usine. Dans une langue magnifique, qui laisse à la fois sourdre sa colère et sa tendresse, Nella Nobili porte la voix de toutes ces jeunesses ensevelies. Lorsque l'enfance est violence, l'écriture, dans un même geste lumineux, peut tout autant devenir un acte d'émancipation que de réparation.
Écrivaine et poétesse italienne, Nella Nobili (1926-1985) quitte l'école très jeune pour travailler dans un atelier de céramique, avant de devenir souffleuse de verre puis aide-soignante, et de créer une fabrique de boutons de manchette en France. Véritable autodidacte, elle publie plusieurs recueils de poésie, écrits à la fois en italien et en français.