Paru le 01/09/2022 | Broché 191 pages
Tout public
« La Lunade de saint Jean » : la fantastique histoire d'un pouvoir usurpé
Qu'est-ce qui, tous les 23 juin à 7 heures du soir, et ce depuis 1348, fait marcher les Tullistes derrière saint Jean en chantant, depuis la cathédrale et durant 7 km, sur les hauteurs de la ville ?
Un voeu, toujours respecté, en l'honneur de celui qui, jadis, est censé avoir sauvé la cité de la peste.
23 juin : soir du solstice d'été et des « feux de saint Jean ». Pourtant la procession s'appelle : « La Lunade de saint Jean » ! Allez savoir pourquoi...
Pour essayer de résoudre cette énigme, l'ethnologue Marie-France Houdart a mené une longue enquête.
D'abord dans les textes. Puis, en remontant la piste des lointaines religions préchrétiennes, où des mythes racontaient quelles puissances faisaient tourner l'univers et quels cultes il fallait leur rendre, elle a rejoint une des questions fondamentales de notre temps : la place des femmes dans le monde.
Les mythes sont oubliés, les rites restent : autour de la Lune, des herbes, de la fumée, ils nous ramènent à des temps où la place des femmes, procréatrices, nourricières, guérisseuses, était sacrée. Des forces masculines les ont progressivement mises à l'écart.
C'est ainsi qu'à Tulle, le soleil de saint Jean, symbole de la nouvelle lumière chrétienne, a pris la place. Mais Marie, « belle comme la Lune », veille toujours...
Une fantastique histoire ! Au-delà des écrits, des rites millénaires nous en révèlent bien plus qu'il n'y paraît...
Marie-France Houdart vit au coeur de la campagne du Limousin depuis 1975. Ses origines familiales sont lorraines, son enfance se passa en Algérie. À Nancy, elle étudia les lettres classiques. Mais son goût des voyages et des sociétés autres la menèrent à l'ethnologie - qu'aujourd'hui on nomme anthropologie -, et lui montrèrent le chemin des Andes du Pérou.
Là, elle découvrit des rituels datant de bien avant les chrétiens, la propriété commune de la terre et les offrandes sacrées, la place importante des femmes et leur façon de soigner, et aussi les multiples processions qui cachent, derrière un saint, les rites indéracinables des siècles passés.
Puis la vie l'orienta vers la Corrèze, où elle retrouva bien des gestes qu'elle avait vu faire dans ce dit « Nouveau monde » colonisé, pratiqués ici aussi, bien avant l'arrivée de l'Evangile.
Elle y retrouva des cultes : ceux de l'eau, des bonnes fontaines qui guérissent, et l'importance des femmes « sages », celles qui savaient, dans chaque village, les secrets de la vie et de la mort.
Cette recherche sur la Procession de la Lunade de saint Jean n'est que la suite de toutes ces expériences. Elle l'a ramenée, sans qu'elle s'en doute, à ce qu'elle supposait déjà : par-delà l'histoire et ce qui s'écrit, les gestes remontent à un très lointain passé, avant même les temps agricoles, quand la Pacha Mama, la Mère-Terre, qui procrée et nourrit comme la femme, était bien « Dieu-la-Mère ». D'elle vient la vie.
