Collection(s) : Nouvelle bibliothèque du Moyen Age
Paru le 24/09/2008 | Relié 779 pages
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Si notre littérature vernaculaire ne mentionne la Mesnie Hellequin qu'allusivement, des textes latins en fixent des traditions orales et proposent des trames narratives assez diverses pour nous informer que nous avons affaire à autant d'interprétations et de réécritures d'un noyau mythique perdu. Mais des éléments fragmentaires sont récurrents d'une mention à l'autre, et c'est précisément sur ces récurrences que l'on peut fonder une investigation soucieuse de percer le secret qui se cache derrière ces sonorités si étranges : Hellequin. Au départ était le mystère d'un nom qui sans doute depuis les siècles les plus éloignés a dû opérer tel un charme, dans une chaîne de transmission pour nous obscure, fonctionnant par «ouï-dire». Ce nom, à partir du XIIe siècle, des clercs l'ont écrit, épelé, ont tenté d'en fixer les contours, en recoupant diverses traditions fragmentaires constituant sans doute un écho à ses étranges et inquiétantes résonances : cortèges nocturnes souvent aériens, chevauchées armées et chasses furieuses, revenants solitaires encapuchonnés, mais aussi silence et féerie lumineuse dans un tintement aimable de clochettes, ou encore défilé grotesque de masques carnavalesques : tout cela dans une simultanéité déconcertante et des réseaux de cohérence d'une grande densité. L'objectif de cette étude est précis : retrouver les traces mythiques, donc voilées, de la Mesnie Hellequin dans la littérature médiévale qui n'a pas tant oublié que poétisé cet héritage ; explorer ensuite la fécondité et l'évolution des différents motifs qui en émanent, déchiffrer les complexes de signification qui s'organisent ainsi, et identifier enfin des résurgences modernes et contemporaines de la figure, certaines illustres (Arlequin, le Roi des Aulnes), d'autres plus secrètes car masquées pour toujours.
Karin Ueltschi, docteur habilitée à diriger des recherches, est professeur à l'Institut Catholique de Rennes et chargée de cours à l'Université de Rennes II.